Jugement - Aller plus loin
La Confession d’Augsbourg a été rédigée par Philipp Melanchthon
C'est un des grands allemands. Il fit ses études à Heidelberg et Tübingen. et a été remise au roi Charles Quint en juin 1530 par les princes-électeurs adeptes de la réforme luthérienne. Son but est de montrer que les doctrines enseignées sur leurs territoires sont celles de l’Eglise universelle. Cette confession devint la confession de foi essentielle du luthéranisme : elle sert de référence à toutes les Eglises luthériennes. Dans cet article 17, l’allusion au millénarisme (et sa condamnation) est sans équivoque.
» Article 17. – Du Retour du Christ pour le Jugement –
Nous enseignons que notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra au dernier jour pour le jugement. Il ressuscitera tous les morts. Aux justes et aux élus il donnera la vie éternelle et la félicité. Quant aux impies et aux démons, il les condamnera à l’Enfer et aux tourments éternels.
Nous condamnons donc les Anabaptistes, qui enseignent que pour les damnés et pour les démons les peines et les tourments auront une fin. Nous rejetons aussi certaines doctrines juives, que l’on rencontre aussi actuellement, d’après lesquelles, avant la résurrection des morts, les justes et les pieux détruiront les impies et règneront seuls sur la terre. «
Bultmann Rudolf Foi et compréhension, eschatologie et démythologisation Paris Seuil 1969 t.2p.123-124:
» Dans l’apocalyptique juive l’histoire est interprétée du point de vue de l’eschatologie. Chez Paul l’histoire disparaît dans l’eschatologie. Par là l’eschatologie a totalement perdu son sens comme but de l’histoire et elle est au fond comprise comme le but de l’être humain individuel. De ce point de vue, l’histoire du passé est comprise comme le type de l’histoire de l’homme, qui est délivré du péché, de la mort, de la vie sous la Loi et qui est libre de vivre sous la grâce (Romains 6, 14).
Tandis que l’histoire du peuple perd de son intérêt, un autre phénomène est maintenant dévoilé : l’historicité véritable de l’être humain. L’histoire décisive n’est pas l’histoire du monde, l’histoire d’Israël et des autres peuples, mais l’histoire vécue par chaque individu. Pour cette histoire, la rencontre avec le Christ est l’événement décisif, l’événement en vérité par lequel l’individu commence à exister historiquement parce qu’il commence à exister eschatologiquement.
Avant le Christ, la vie humaine est déjà à titre de possibilité une vie historique ; car les hommes ne vivent pas à la manière des animaux et ne relèvent pas de la nature mais sont responsables d’eux-mêmes. L’homme a un rapport à lui-même, il peut se prendre pour objet de son action et il peut se comprendre comme le sujet d’événements. Il a la possibilité de vivre en unité ou en contradiction avec lui-même. Cela trouve son expression dans le concept paulinien de » corps » (sôma) et est confirmé par le fait que l’homme doit d’abord trouver le bien, la vie véritable vers laquelle il tend, ce qui signifie que le bien est en même temps l’exigence qu’il doit écouter pour atteindre ce qu’il voudrait véritablement atteindre, pour devenir ce qu’il voudrait véritablement devenir. […]
Mais une vie authentiquement historique ne peut pas être réalisée si l’homme ne vit pas dans une liberté réelle, c’est-à-dire si son agir n’est pas affranchi du passé qui jusque-là le tenait prisonnier. Cette liberté est un phénomène eschatologique ; en d’autres termes, elle est un don du Saint-Esprit. Mais l’Esprit n’agit pas à la façon d’une force contraignante de la nature, il agit à l’intérieur de l’homme, dans sa volonté, dans ses décisions. Et l’homme libre est justement sous l’impératif du commandement divin. La dialectique de cette liberté comme vie dans l’indicatif et dans l’impératif est décrite dans Romains 6,12-23. L’ » historicité » de la vie chrétienne consiste donc en ce que dans l’homme se joue le combat entre la chair et l’esprit (Galates 5,17 ; Romains 8,12ss). «
Schweitzer Albert Ma vie et ma pensée Paris Albin Michel 1960 p. 66 :
» Nous n’attendons plus, comme ceux qui écoutaient la prédication de Jésus, que le Royaume de Dieu se réalise en événements surnaturels. Nous croyons qu’il se manifestera seulement par la vertu de l’esprit de Jésus agissant dans nos cœurs et dans ce monde. La seule chose qui importe, c’est que nous soyons dominés par l’idée du Royaume de Dieu autant que Jésus l’exigeait de ses fidèles. «
Dodd Charles Harold Les paraboles du royaume de Dieu, Déjà là ou pas encore ? Paris Seuil 1961 p. 169-170 :
» Au centre de la foi chrétienne, la conviction demeure qu’à un point particulier du temps et de l’espace, l’éternel est entré définitivement dans l’histoire. Il s’est produit une crise historique qui régit entièrement le monde de l’expérience spirituelle de l’homme. Notre foi se reporte sans cesse à ce moment de l’histoire. L’Evangile n’est pas un recueil de vérités générales sur la religion, mais une interprétation de ce qui s’est passé jadis. Les Credo sont ancrés dans l’histoire par l’expression » sous Ponce Pilate « . Principalement dans le sacrement de l’eucharistie, l’Eglise récapitule la crise historique que furent la venue du Christ, sa vie, sa mort et sa résurrection, et y trouve le » signe efficace » de la vie éternelle dans le Royaume de Dieu. L’origine et les idées directrices de l’eucharistie en font un sacrement de l’eschatologie réalisée. » Que ton règne vienne « , » Viens Seigneur Jésus » : telle est la prière de l’Eglise. Par cette prière, elle se rappelle que le Seigneur est vraiment venu et qu’avec lui est venu aussi le royaume de Dieu. Unissant le souvenir et le désir, elle découvre qu’il vient. Il vient par sa croix et par sa passion ; il vient dans la gloire de son Père avec les saints anges. Chaque communion n’est ni l’étape d’un processus par lequel sa venue se rapproche peu à peu, ni une borne sur la route qui nous conduit lentement au but éloigné qu’est le royaume de Dieu sur terre. Communier, c’est revivre le moment décisif où il vint.
La prédication de l’Eglise a pour but de reconstituer, dans l’expérience des individus, l’heure de la décision prise par Jésus. Le thème sous-jacent à cette prédication est toujours : » Les temps sont accomplis et le royaume de Dieu est arrivé. Repentez-vous et croyez en l’Evangile. » Ceci laisse présumer que l’histoire de la vie de chacun est de la même nature que l’histoire au sens large ; c’est-à-dire qu’elle n’a de signification que dans la mesure où elle sert à situer les hommes face à Dieu, dans son royaume, sa puissance et sa gloire. Nous sommes aveugles et sourds et nous pouvons passer la moitié de notre vie sans y discerner de signification éternelle. Puis le moment peut venir où les yeux des aveugles s’ouvriront, et les oreilles des sourds entendront. Les invitations au festin sont lancés : » Venez, car tout est prêt. » L’époux est rentré de la noce, le maître est revenu de voyage : voilà que nous devons rendre compte de nos talents et remettre le produit de notre vigne. Heureux le serviteur qui sera trouvé éveillé ; il entre dans la joie de son Seigneur. Le royaume de Dieu est venu et celui qui le reçoit tel un petit enfant y entrera. «
Cullmann Oscar Christ et le temps Neuchâtel Delachaux et Niestlé 1947 p. 76 :
» Le Christ est également le médiateur de l’accomplissement du plan tout entier du salut à la fin du monde. C’est pour cela qu’il revient sur la terre. Car la nouvelle création, à la fin du monde, est, comme toute l’histoire du salut, liée à la rédemption de l’homme, dont Christ est le médiateur. C’est par son œuvre, que le pouvoir de résurrection du Saint Esprit transformera toute la création, y compris nos corps mortels ; il instaurera un nouveau ciel et une nouvelle terre où il n’y aura plus ni mort, ni péché. C’est alors seulement que Son rôle de médiateur sera achevé. C’est alors seulement que » le Christ lui-même sera soumis à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (1Corinthiens 15,28). C’est alors seulement que la ligne, qui a commencé à la création, trouvera son terme.
Nous voyons ainsi qu’il s’agit vraiment de la ligne du Christ : Christ médiateur de la création – Christ serviteur souffrant de Jahveh ; accomplissant l’élection d’Israël – Christ, le Kyrios qui règne actuellement – Christ, Fils de l’homme qui revient pour achever toutes choses créées, et médiateur de la nouvelle création. Il préexiste, il a été crucifié hier, il règne aujourd’hui, invisible, et il reviendra à la fin des siècles ; toutes ces figures n’en forment qu’une seule, celle du Christ, mais elles le représentent dans l’exercice de ses fonctions qui se succèdent temporellement dans l’histoire du salut. »
(de contexte 3)
» La fin qui est annoncée dans le Nouveau Testament n’est pas un événement temporel, une fin du mode fabuleuse destruction du monde ; elle est sans rapport aucun avec d’éventuelles catastrophes historiques, telluriques ou cosmiques. «
Blaser Klauspeter Le christianisme social Paris Van Dieren 2003.
Dans cette étude du mouvement appelé » christianisme social « , l’auteur dresse le portrait de plusieurs de ses représentants. Elie Gounelle a été considéré comme l’introducteur du christianisme social en France. Selon sa conception, le Royaume de Dieu est au cœur d’une justification de ses engagements sociaux et politiques.
p. 103:
» Quant au Royaume de Dieu, autre notion capitale dans cette pensée, il est certes de l’ordre de l’ultime, mais on peut d’ores et déjà le construire, on peut l’amener sur terre par le règne du Christ et en vertu du Saint Esprit que Gounelle envisage comme dimension sociale de la divinité. » L’Esprit Saint, c’est le Dieu social. Ainsi est pourchassé l’individualisme jusque dans le cœur de Dieu « . Le Royaume de Dieu est ici compris comme une synthèse entre la souveraineté de Dieu et la solidarité universelle. Or, actuellement, le Royaume n’existe pas encore, il est en devenir, il est donc de nature téléologique. Et Gounelle d’insister sur la distinction paulinienne entre Royaume de Dieu et Règne du Christ, ce dernier préparant le premier et clé de voûte du solidarisme chrétien. Amené par le règne du Christ, il se réalisera dans et par le christianisme social. […]
Or le Royaume de Dieu comporte deux commandements d’amour, celui, personnel, d’aimer Dieu, et celui, social, d’aimer le prochain. Ce dernier se trouve bien sûr privilégié dans la pensée du représentant du christianisme social, dont la force ne réside pas dans les dogmes ni dans l’Eglise, mais avant tout dans la participation du chrétien aux souffrances du monde. La justice et l’amour chrétien vont de pair avec la recherche d’une certaine refonte su système social et économique. » Le christianisme social, c’est lé rénovation progressive du monde (âmes, Eglise, société) par la puissance spirituelle de Jésus-christ et par l’idée du Royaume de Dieu « . «
Martin Luther Les Articles de Smalkade Œuvres tome VII Genève Labor et Fides 1969 p. 231 :
» En outre, la messe, cette queue du dragon, a engendré beaucoup de vermine et de miasmes, d’idolâtries de toutes sortes.
Premièrement, le purgatoire. Messes pour les morts, vigiles, services funèbres célébrés le septième jour, trentains, bouts de l’an, enfin, semaine commune, jours des morts et bains des âmes, on a rapporté tout cela au purgatoire, de telle sorte que la messe n’est plus guère en usage que pour les morts, alors que le Christ n’a institué le Sacrement que pour les vivants. Il faut donc regarder le purgatoire, avec les cérémonies, les cultes et les trafics qui y sont liés, comme une pure fantasmagorie du diable ; car tout cela aussi est contraire à l’article capital d’après lequel seul le Christ – et aucune œuvre des hommes – secourra les âmes. De plus, il ne nous a été donné aucun commandement ni aucun ordre au sujet des morts ; c’est pourquoi, on ferait bien de laisser tout cela de côté, même si ce n’était pas entaché d’erreur et d’idolâtrie. «
La Cité de Dieu sera en chantier une douzaine d’années. Quand Augustin commence cet ouvrage en 415 après la chute de Rome, il veut répondre aux penseurs païens qui rendaient le christianisme responsable de cette catastrophe. Après avoir montré que Dieu ne peut être tenu pour responsable des malheurs qui touchent l’Empire romain, Augustin développe sa thèse des deux cités, la cité des hommes et la cité de Dieu. Chaque personne appartient à la fois à la cité des hommes et à la cité de Dieu et c’est l’usage qui est fait des biens terrestres donnés par Dieu qui permet de réaliser la cité de Dieu. Ainsi la cité de Dieu est la cité des hommes vivant selon la loi de Dieu. Augustin voit dans l’expansion de la foi chrétienne la réalisation de cette cité de Dieu.
Saint Augustin La cité de Dieu, Livres XI-XIV -Formation des deux cités- Desclée de Brouwer, 4e éd. 1959 XXVIII p. 465:
» Deux amours ont donc fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la Cité céleste.
L’une se glorifie en elle-même, l’autre dans le Seigneur. L’une demande sa gloire aux hommes ; pour l’autre, Dieu témoin de sa conscience est sa plus grande gloire. L’une dans sa gloire dresse la tête ; l’autre dit à son Dieu : Tu es ma gloire et tu élèves ma tête. L’une dans ses chefs ou dans les nations qu’elle subjugue, est dominée par la passion de dominer ; dans l’autre, on se rend mutuellement service par charité, les chefs en dirigeant, les sujets en obéissant. L’une, en ses maîtres, aime sa propre force ; l’autre dit à son Dieu : je t’aimerai, Seigneur, toi ma force. Aussi, dans l’une, les sages vivant selon l’homme ont recherché les biens du corps ou de l’âme ou des deux ; e ceux qui ont pu connaître Dieu ne l’ont pas glorifié comme Dieu ni ne lui ont rendu grâce, mais se sont égarés dans leurs vains raisonnements et leur cœur insensé s’est obscurci ; s’étant flattés d’être sages (c’est-à-dire s’exaltant dans leur sagesse sous l’empire de l’orgueil), ils sont devenus fous : ils ont substitué à la gloire du Dieu incorruptible des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des serpents (car à l’adoration de telles idoles, ils ont conduit les peuples ou les y ont suivis) ; et ils ont décerné le culte et le service à la créature plutôt qu’au Créateur qui est béni dans les siècles.
Dans l’autre au contraire, il n’y a qu’une sagesse, la piété qui rend au vrai Dieu le culte qui lui est dû, et qui attend pour récompense en la société des saints, hommes et anges, que Dieu soit tout en tous. «
Calvin prend position pour la potestas absoluta (= puissance absolue) de Dieu. Il insiste beaucoup sur la souveraineté de Dieu, jusqu’à écrire : » Dieu a tellement la conduite de tout que rien ne se fait d’autant qu’il a ordonné « . Aucune place n’est laissée au hasard :
Calvin Jean L’Institution de la Religion Chrétienne, I, 16, 2 Genève Labor et Fides 1955 :
» Si quelqu’un tombe entre les mains des brigands, ou rencontre des bêtes sauvages ; s’il est jeté à la mer par tempête ; s’il est accablé de quelque ruine de maison ou d’arbre ; si un autre, errant par les mers, trouve de quoi remédier à sa famine ; si, par les vagues de la mer, il est jeté au port, ayant évadé miraculeusement la mort par la distance d’un seul doigt, la raison charnelle attribuera à fortune toutes ces rencontres tant bonnes que mauvaises. Mais tous ceux qui auront été enseignés par la bouche du Christ que les cheveux de notre tête sont comptés chercheront la cause plus loin et se tiendront assurés que les événements quels qu’ils soient sont gouvernés par le conseil secret de Dieu. «
Brunner Emil Dogmatique tome 2 Genève Labor et Fides 1965 p.209 :
» Dieu ne veut pas le mal. Le mal et la souffrance qui en découlent sont la conséquence de l’opposition qui est née contre la volonté de Dieu et l’ordre de Dieu dans la créature créé libre par Dieu. «
Tillich Paul L’Etre nouveau in: L’existence et le Christ Théologie systématique tome 3 Paris Cerf p.89 :
» La foi en la Providence n’est certainement pas la croyance que tout finira bien. Elle n’est pas, non plus, la croyance que tout suit un plan préconçu, qu’on appelle le planificateur Dieu, Nature ou Destin. La vie n’est pas une machine bien construite et fonctionnant grâce aux lois de son mécanisme. En elle se mêlent liberté et destinée, hasard et nécessité, responsabilité et tragédies. Tensions, ambiguïtés et conflit font de la vie ce qu’elle est et la rendent à la fois fascinante et terrible. Se pose la question du courage qui permet d’accepter la vie sans être vaincu par elle. Cette question est celle de la Providence. Providence indique le courage qui permet d’accepter la vie grâce à la puissance qui la dépasse. Cette puissance, Paul l’appelle l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus (Romains 8), et il affirme que rien, qu’aucune créature ne peut nous en séparer. «
Monod Wilfred Aux croyants et aux athées Paris Fischbacher 1923 :
» La croix de Golgotha démontre l’impuissance de Dieu. Cette impuissance éclate partout d’après la doctrine biblique. A l’origine, elle pose un créateur qui n’a pas voulu la souffrance, le péché, la mort ; et cependant le mal est là, malgré lui. Dans l’histoire sainte, une sagesse providentielle prépare pendant des siècles l’apparition du messie au sein d’un peuple élu, et ce peuple crucifie son Messie. Depuis lors, deux mille ans bientôt se sont écoulés, et le Saint Esprit qui a fondé l’Eglise ne voulait pas la perpétuité du paganisme en Afrique ou en Asie, ni le matérialisme de l’Occident ; il ne voulait pas les persécutions, les guerres de religions, les divisions, les sectes ; la puissance de Dieu n’a pas épargné au christianisme tant d’erreurs et tant de crimes.
C’est toujours le drame du calvaire qui recommence. Ce Dieu vaincu par le à mon cœur. Je ne pourrais pas adorer une divinité qui serait responsable du monde actuel…Dieu n’est pas actuellement » tout en tous « . La manifestation suprême de Dieu, d’après Saint Paul, est encore à venir. Il faut vouloir que Dieu soit, qu’il soit vraiment Dieu ; croire, c’est vouloir que son règne, qui n’est pas présent, arrive ; c’est prier pour que sa volonté soit faite (ce qu’elle n’est pas) sur la terre comme au ciel. «
Moltmann Jürgen Théologie de l’espérance Paris Cerf, 4e éd. 1983 p.13-14 :
» L’eschatologie chrétienne ne parle pas de l’avenir en général. Partant d’une réalité historique déterminée, elle en annonce l’avenir, la possibilité d’avenir, la puissance d’avenir. L’eschatologie chrétienne parle de Jésus-Christ et de son avenir. Elle connaît la réalité de la Résurrection de Jésus et proclame l’avenir du Ressuscité. C’est pourquoi, pour elle, le fait de fonder toutes les affirmations relatives à l’avenir sur la personne et l’histoire de Jésus-Christ est la pierre de touche distinguant les esprits eschatologiques des esprits utopiques.
Or si, en raison de la Résurrection, le Christ crucifié a un avenir, cela signifie réciproquement que toues les affirmations et tous les jugements prononcés sur lui doivent en même temps dire quelque chose sur l’avenir qu’on peut attendre de lui. Quand la théologie chrétienne parle du Christ, elle ne peut donc le faire dans les formes du logos grec ou dans celles des énoncés théologiques tirés de l’expérience ; elle ne peut le faire qu’en forme d’énoncés d’espérance et de promesses d’avenir. Loin de se contenter de dire qui il était et qui il est, tous les attributs du Christ impliquent des affirmations sur ce qu’il sera et sur ce qu’on est en droit d’attendre de lui. Ils disent tous : » Il est notre espérance » (Colossiens 1,27). En annonçant et promettant son avenir pour le monde, ils orientent la foi en lui vers l’espérance de cet avenir encore en suspens. Les énoncés d’espérance de la promesse anticipent sur l’avenir. Dans les promesses, l’avenir caché s’annonce déjà, agissant dans le présent par l’espérance qu’il éveille. «
Karl Barth extrait du Commentaire aux Romains p. 471 :
» La fin qui est annoncée dans le Nouveau Testament n’est pas un événement temporel, une fin du mode fabuleuse destruction du monde ; elle est sans rapport aucun avec d’éventuelles catastrophes historiques, telluriques ou cosmiques. «