Incarnation - Contexte
La visée de l’incarnation est un thème largement débattu entre les Eglises chrétiennes. Par exemple, les orthodoxes considèrent que l’union avec Dieu est le but de la vie chrétienne : ils nomment cette union la déification
Terme orthodoxe qui désigne l'union entre l'homme et Dieu à laquelle l'homme est appelé. On parle encore de " participation à la nature divine ", citée par Pierre (2Pierre 1,4), par la grâce et non par l'essence.. Ils s’appuient principalement sur la lettre de Pierre qui parle de devenir » participants de la nature divine » (2Pierre 1,4). Les Pères
Dans l'Antiquité, le maître était souvent désigné comme " Père ". De ce fait, ce nom revient aux évêques, mais on étend ce sens de Père à des écrivains reconnus comme témoins de la tradition authentique de l'Eglise. de l’Eglise ont repris cela dans des formules devenues célèbres comme celle d’Irénée
Irénée est originaire d'Asie Mineure. Il rapporte qu'encore jeune il a entendu le vieux Polycarpe, évêque de Smyrne, ce qui, en conséquence, situe sa naissance entre 130 et 140. de Lyon (2e siècle) : » Le Fils de Dieu devient Fils de l’homme pour que l’homme devienne fils de Dieu « , ou celle plus laconique d’Athanase
Athanase naît à Damanhour près d'Alexandrie d'Egypte en 298. Il est consacré évêque en 328. d’Alexandrie (4e siècle) : » Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne Dieu « .
Chez les protestants, on a souvent critiqué cette formule en affirmant : » Dieu est devenu homme pour que l’homme assume son humanité « . Dans cette perspective, l’incarnation vise à faire des hommes des êtres réellement et pleinement humains : arracher l’homme à la sauvagerie pour qu’il devienne pleinement enfant de Dieu. Beaucoup de théologiens s’appuient alors sur l’expression que Pilate prononce en montrant Jésus à la foule : » Voici l’homme » (Jean 19,5). Ils expliquent que sans le vouloir ni le savoir, Pilate exprime là une vérité profonde : Jésus est l’homme authentique, la figure de ce que chacun devrait être. Pour Paul, Jésus représente un nouvel Adam (adam veut dire » être humain « , ici, c’est un nom commun). Il déclare aussi que le Christ doit naître, grandir, se former et vivre en chacun pour qu’on puisse l’imiter (Ephésiens 4,13). Le Moyen-Age finissant a accordé une très grande place à l’imitation de Jésus, le souhait d’Erasme
Né à Rotterdam, il fut appelé " le prince des humanistes ". Il entra au couvent des Augustins. était même que les chrétiens soient de » nouveaux Christs « .
Ces débats perdurent encore. Devant les différentes manières de vivre sa foi en Jésus-Christ qu’ils mettent à jour, le croyant est interpellé pour se situer dans sa propre vie.
Les chrétiens confessent que Jésus est le fils de Dieu. Cette filialité est en effet affirmée dans les quatre évangiles. Alors que Matthieu situe d’entrée son évangile dans la continuité de la tradition d’Israël en présentant Jésus comme le Fils de David et d’Abraham (Matthieu 1,1), et que Luc essaye de donner à Théophile des éléments pour comprendre ce que signifie » croire en Jésus-Christ » (Luc 1,1-4), Marc et Jean résument l’enjeu de leurs ouvrages respectifs par cette simple phrase : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. La question de l’identité de Jésus est même au cœur de l’évangile de Marc. Elle le traverse comme une sorte de secret, dont le dévoilement ne se fera qu’à la croix (Marc 15,39). Elle apparaît également, beaucoup plus explicite, dans pratiquement chaque chapitre de l’évangile de Jean, où Jésus revendique sa filialité divine. C’est d’ailleurs cette revendication qui causera sa mort (Jean 5,18). C’est cette revendication que Jean veut faire admettre comme » vérité » à ses lecteurs : Dieu a envoyé son Fils pour sauver les hommes (Jean 3,14-21), et son Fils n’est autre que l’homme Jésus.
L’histoire de la théologie a montré que plusieurs interprétations de cette filialité étaient mises en œuvre. Pour certains, comme les Réformateurs, cette filiation est au centre de la foi chrétienne et ne saurait être remise en cause : elle signe le mode de révélation de Dieu aux hommes. Pour d’autres, Jésus est déclaré » fils de Dieu » à cause du lien privilégié qu’il a avec Dieu. Jésus est alors davantage compris comme un modèle d’humanité.
Le prologue de Jean (1,1-18) célèbre le Christ qui est appelé le Logos. Ce mot peut se traduire par Parole Au premier siècle imprégné de philosophie stoïcienne, ce terme (logos), en tant que nom propre, désigne la Raison, le Principe qui gouverne le monde. Dans la culture juive de ce temps, cette notion trouve son pendant dans la figure de la Sagesse (sophia) personnifiée, comme " messagère " de Dieu à travers la loi de Moïse mais aussi, dans une certaine mesure, à travers la raison universelle. : il sous-entend que le Christ est l’expression parfaite du Père, sa manifestation suprême au sein de l’humanité. Ces versets rendent gloire au Verbe, à la Parole ou encore au Logos qui est la source de tout ce qui peut amener les hommes à vivre pleinement leur existence dans la rencontre avec Dieu. Il est décrit comme la lumière qui indique aux hommes le véritable chemin qu’il faut suivre. Ce prologue désigne Jésus comme le Fils unique qui partage sans limite la vie du Père et qui seul peut mener les hommes à la connaissance et à la vie. Jésus est perçu, par tout ce qu’il est, par ce qu’il fait et par ce qu’il dit, comme le révélateur et l’expression même de Dieu.
» Révéler » traduit en français le verbe grec
Certaines religions estiment que le croyant doit atteindre une connaissance de Dieu et parvenir à une pratique de la vie sainte par ses propres moyens (réflexion, effort, piété, action). L’homme peut découvrir lui-même la vérité : il s’en approche par toutes sortes d’exercices spirituels. Un enseignement aide chacun à avancer. Dans cette perspective, c’est l’homme qui va vers Dieu.
D’autres religions se fondent d’abord sur une révélation, une action de Dieu : on les appelle » religions de révélation « . Selon elles, Dieu intervient à certains moments dans la vie des êtres humains. Il se manifeste à eux, leur délivre des messages, leur fait des promesses, leur donne des commandements. Selon cette logique, les hommes ne peuvent pas découvrir seuls la vérité : il faut que Dieu la leur communique. Le judaïsme, le christianisme et l’islam font partie des religions qui se réclament d’une révélation. Elles se réfèrent toutes à des événements et des discours révélateurs différents, même si elles en ont certains en commun. Dans ces religions, c’est Dieu qui révèle, qui va vers les êtres humains pour les rencontrer. Les hommes peuvent recevoir ou non la révélation, lui rendre témoignage, mais non la provoquer ni l’opérer. On souligne donc très fortement que tout dépend de l’initiative de Dieu.
Dans le Nouveau Testament, Jésus est présenté comme celui qui est porteur d’une bonne nouvelle ( » bonne nouvelle » en grec, se dit
Le premier, la libération : Jésus libère les hommes de leurs maladies (Marc 1,40-42), de leurs aliénations (Marc 5,1-20), des exclusions (Matthieu 9,9-13 ; Luc 19,1-10). Un deuxième pourrait être le pardon : Jésus pardonne les péchés (Jean 8,1-10).
Un autre encore celui de la grâce : Jésus appelle à un renouvellement des relations homme/Dieu et entre les hommes (Matthieu 5,3-10 ; Luc 6,27-35).
Les théologiens lisent en la personne de Jésus l’incarnation de son enseignement. C’est-à-dire qu’il a vécu, lui, ce que sa Parole enseignait. On pourrait dire alors qu’il n’y a pas d’écart entre ce que Jésus enseignait, faisait et vivait en lien avec Dieu et avec les autres.
Le mot grec utilisé dans le Nouveau Testament peut être traduit par royaume, règne ou royauté. Le Royaume de Dieu est là où Dieu règne. Ce n’est pas un lieu spécifique mais plutôt une relation particulière entre Dieu et les hommes qui se traduit dans des relations de paix, de justice et de fraternité entre les hommes. Jésus annonce que le Royaume est déjà présent, de manière non éclatante, comme une semence. Il est appelé à une plénitude à la fin des temps quand le Christ reviendra. Cette perception du Royaume est particulièrement bien illustrée dans les que Jésus dispensait. Le Royaume se présenterait alors sous les traits d’un père qui attend que son fils ait fini son voyage et qu’il revienne à lui (Luc 15,11-32). Lorsqu’il aperçoit son fils, le père l’accueille, l’embrasse et lui prépare un repas de fête. Dans les paraboles, le Royaume est souvent ce banquet où tous les hommes sont invités (Luc 14,15-24). Là encore, on retrouve dans ces paraboles, les thèmes du pardon, des relations renouvelées entre Dieu et les hommes et des hommes entre eux. Le Royaume n’y est jamais décrit comme un lieu ou comme un événement daté, mais plutôt comme quelque chose qui advient en même temps que Jésus advient dans la vie des hommes, hier comme aujourd’hui.
De nombreux théologiens ont souligné que l’enseignement des églises s’était éloigné de plus en plus du Jésus des évangiles. Par exemple, Melanchthon
C'est un des grands allemands. Il fit ses études à Heidelberg et Tübingen. (16e siècle) écrit : » Connaître Jésus-Christ veut dire expérimenter ses bienfaits, et non pas savoir ce qu’on enseigne sur ses natures et le mode de l’incarnation « . Certaines tendances religieuses sont allées jusqu’à accuser la théologie de remplacer la foi par un système figé de concepts et de théories. Malgré ce, le protestantisme a largement insisté sur l’importance d’une foi » éclairée « , pensée. Il s’appuie alors sur l’attitude de l’apôtre Paul qui le premier, amorce une réflexion sur la personne et l’œuvre de Jésus. Paul entend penser théologiquement sa propre expérience spirituelle.
On peut cependant légitimement se demander si la théologie ne déforme pas et ne trahit pas parfois l’enseignement de Jésus. Par exemple, on oppose la limpidité des narrations évangéliques à la sophistication des doctrines. Les évangiles semblent (au premier abord) parler de Jésus clairement, directement en nous racontant ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qui lui arrive.
Il existerait donc deux positions radicales. La première refuserait d’élaborer un discours intellectuel à partir des évangiles qu’elle considère limpides et suffisantes pour la foi des croyants. La seconde mettrait l’accent sur la raison et construirait des discours théoriques. Généralement, il s’agit pour les théologiens de tenir les deux, ensemble : articuler en permanence ce qui relève du » croire » et du » comprendre « . La théologie cherche à proposer des hypothèses qui aident à penser Jésus, à comprendre ce qu’il a été. Elle n’épuise pourtant pas le témoignage des évangiles, mais s’efforce d’y faire entendre, au final, une parole qui fasse vivre. Croire et comprendre ne s’excluent pas nécessairement l’un l’autre mais se nourrissent mutuellement.
L’affirmation centrale du christianisme tient dans la reconnaissance de Jésus-Christ comme sauveur des hommes. Les débats portent essentiellement sur la question de savoir en quoi Jésus est-il le Sauveur. D’un point de vue biblique, Jésus-Christ est désigné comme Sauveur : celui qui apporte le
C’est notamment à travers sa crucifixion et sa résurrection que les théologiens ont rendu compte du salut offert par Dieu. Leurs compréhensions sont diverses. Pour l’apôtre Paul par exemple, Jésus, le crucifié, est l’instrument du salut de Dieu : pas une victime passive de Dieu mais une victime de la folie des hommes (1Corinthiens 1,18-31). En le mettant à mort, les hommes signent leur désir de vivre sans Dieu, leur besoin de triompher sans Lui. Par cette mort, Dieu désigne alors aux hommes que leur logique ne les conduit qu’à la mort. La croix devient un » non » opposé à l’orgueil humain et la résurrection devient un » oui » à la vie réconciliée avec Dieu.
Si les compréhensions de la croix et de la résurrection peuvent diverger, le christianisme s’accorde en son ensemble à reconnaître en Jésus seul, le Sauveur envoyé par Dieu dans le but d’apporter le salut au plus grand nombre.
Selon le Nouveau Testament, la résurrection du Christ, le jour de Pâques
Le mot dérive d'une racine hébraïque qui signifie "passage". Au pluriel, Pâques désigne le jour de la résurrection du Christ., est l’événement central de l’histoire de l’humanité : elle a une importance fondamentale pour la foi chrétienne. Depuis les toutes premières prédications chrétiennes, les chrétiens ont proclamé le caractère essentiel et décisif de la
La résurrection ne nie pas l’incarnation de Dieu en Jésus-Christ, elle n’annule pas sa condition humaine. Elle annonce le surgissement d’une vie autre : après sa résurrection, Jésus ne revient pas à son existence passée. Même si les évangiles insistent sur la réalité de sa résurrection (le ressuscité n’est pas un fantôme inconsistant), ils racontent que Jésus ressuscité apparaît et disparaît mystérieusement, il parle, mange, boit (Luc 24,13-35). Après sa résurrection, sa personne change de statut et sa présence a un caractère différent.
Dans cette perspective, la résurrection de Jésus-Christ est signe du surgissement dans ce monde d’une forme de vie nouvelle et originale qui vient de Dieu. Le ressuscité n’est pas un autre que Jésus, mais il existe autrement.
Il existe quantité de débats autour de la résurrection du Christ (et de tous ordres). Cependant, l’ensemble du christianisme voit en la résurrection de Jésus-Christ, une intervention de Dieu dans ce monde, jusque-là sans équivalent et qui est porteuse de promesse pour les hommes.
L’incarnation de Dieu en un homme résulte de l’union de deux éléments : l’un, humain et l’autre, divin. L’histoire de la théologie montre qu’il n’a pas toujours été simple de comprendre le » comment » et le » pourquoi » de cette alliance. Malgré ce, il semblerait que d’un point de vue chrétien, cette union doive échapper à deux écueils au moins.
Le premier serait de voir dans l’incarnation, une » foi en l’homme « . C’est-à-dire un anthropocentrisme (centré sur l’homme) qui nierait toute divinité de Jésus-Christ : en faire une sorte de héros qui aurait dit et fait des choses moralement bonnes et justes. Une religion trop anthropocentriste risquerait de s’enfermer dans l’humanisme (un discours de l’homme sur l’homme où il n’y a pas de place pour Dieu).
Un second écueil, à l’inverse, serait de ne retenir de Jésus que sa part divine (c’est ce qu’on appelle le » déisme « ). Ce serait nier le fait que Dieu ait pu pleinement assumer, et vivre la condition humaine (le fait d’être un homme, de chair et de sang, soumis à des nécessités, à des besoins et dont la mort est une réalité).
L’incarnation ne fait du corps humain ni un temple à vénérer, à valoriser à tout prix, ni une chose secondaire à mépriser et dont il faudrait absolument se débarrasser. Contrairement à l’idée de » réincarnation » où le but est justement de fuir son enveloppe charnelle pour accéder à une vie spirituelle parfaite, et contrairement à l’idée que le corps est objet de culte et de valorisation de soi, l’incarnation de Dieu se positionne comme une prise au sérieux de la condition humaine et comme l’affirmation que Dieu n’est pas absent de cette même condition.
En dehors des évangiles, il n’existe que très peu d’informations sur la vie de Jésus. Quelques historiens romains des premiers siècles évoquent la personne de Jésus de façon très évasive : notamment un historien juif, Flavius Josèphe (37-100), mentionne Jésus à deux reprises et précise qu’il est appelé » Christ « . D’un point de vue historique, il ne fait pas de doute que Jésus de Nazareth a vécu en Palestine dans les trois premières décennies de cette ère : il est né au temps de l’empereur Auguste (63 avant J.C. – 14 après J.C.), a exercé son activité sous le règne de l’empereur Tibère (14-37) au moment où Hérode était tétrarque de Galilée (4 avant J.C.-39 après J.C.) et il est mort sous le procurateur romain Ponce Pilate. Les historiens sont néanmoins d’accord sur le fait que l’état des sources (et autres documents) ne permet pas d’écrire une biographie de Jésus.
Les auteurs des évangiles ne poursuivent d’ailleurs pas ce but. Leur objectif n’est pas d’écrire la vie de Jésus : les évangiles racontent (et témoignent) en quoi cet homme est l’objet de la foi des chrétiens. C’est la raison pour laquelle rien ne nous est dit sur le physique de Jésus, sur ses goûts ou sur sa vie privée. On ne saurait trouver dans les évangiles autre chose qu’un message de foi. Cette constatation n’autorise pas un scepticisme historique mais elle freine toute lecture fondamentale (non critique) de la Bible. En théologie, la question de l’historicité reste complexe. Généralement, la théologie s’accorde à dire que la vérité des récits évangéliques se situe dans ce qu’ils transmettent. Les évangiles font certes référence à un fait historique (même s’ils n’en décrivent pas exactement la matérialité), leur propos ne relève pourtant pas du domaine de l’histoire mais de la foi.
Parmi les trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam), seul le christianisme confesse que Dieu, en un temps donné, a pris corps dans ce monde. Une telle affirmation ne va pas sans poser de difficultés dans les dialogues interreligieux. En effet, l’incarnation est souvent soupçonnée de proclamer deux dieux. Ce serait alors une attaque au principe même du monothéisme, une contradiction par rapport à l’unicité de Dieu. Chaque religion développe une représentation de Dieu. Par exemple, lorsque Dieu est présenté comme transcendant, absolu et au-delà de toutes les limites humaines, il est particulièrement difficile de reconnaître Dieu en un homme, qui plus est Jésus de Nazareth.
Le christianisme est la seule grande religion monothéiste à confesser que Dieu s’est fait homme. Ainsi, les chrétiens appréhendent Dieu d’une manière bien particulière.
La Bible insiste beaucoup sur l’alliance, sur un lien de compagnonnage entre Dieu et les hommes. Ainsi, elle présente Dieu non pas comme un être absolu qui se désintéresse de ses créatures, mais au contraire, qui se soucie d’eux. Cette proximité de Dieu se manifeste dans le nom même qu’à plusieurs reprises lui donne le prophète Esaïe : » Emmanuel « , qui signifie » Dieu avec nous « , et non pas Dieu séparé ou lointain. Jésus a été appelé » Emmanuel » (Matthieu 1,23). Pour beaucoup de théologiens, cette solidarité de Dieu culmine avec l’incarnation. Une telle théologie pense qu’en Jésus, Dieu s’unit avec les hommes, devient pleinement solidaire.
D’autres théologies ont souligné que l’incarnation de Dieu n’excluait pas sa souveraineté, sa distance. Selon eux, ce double aspect caractérise aussi Jésus. Il conjugue familiarité et étrangeté. Il vit avec ses disciples, entouré de ceux qui le suivent ; pourtant, à certains moments, il se dérobe et s’isole (Marc 6,46). Il y a à la fois sa vie ordinaire, mais aussi des épisodes comme le baptême ou la transfiguration
La transfiguration est un épisode du ministère de Jésus, rapporté dans trois des quatre évangiles (Matthieu 17,1-9 ; Marc 9,2-9 ; Luc 9,28-36). Le mot " transfiguration " signifie littéralement " changer d'apparence " : Jésus se trouve métamorphosé, l'aspect de son visage change et ses vêtements deviennent d'une blancheur éclatante.. Il se déclare présent avec les siens jusqu’à la fin des temps ; néanmoins il les quitte à l’ascension
L'Ascension désigne le moment où Jésus est élevé au ciel à la vue de ses disciples (voir Luc 24,50-53 ; Marc 16,19). L'Ascension est fêtée quarante jours après Pâques. (Luc 24,50-53). Dieu est ainsi perçu comme proche et semblable et il l’a manifesté en se présentant à travers le visage de Jésus : la foi crée une sorte d’intimité avec lui. Pourtant, même dans son amour le plus intense, le plus profond, Dieu est autre et différent.
Quelque soit la théologie développée, l’incarnation bouleverse la compréhension de Dieu. Toutes les tendances s’accordent à dire que Dieu n’a pas dédaigné s’abaisser à l’homme. Dieu a posé un acte décisif dans ce monde : cet événement (dont la visée peut être interprétée de différentes manières) inaugure une relation nouvelle entre Dieu et les hommes.