Dieu - Textes bibliques
Dans la Bible, on trouve plusieurs manières de nommer Dieu. De plus, l’Ancien Testament ayant été écrit dans la langue hébraïque et le Nouveau Testament dans la langue grecque, les traductions en latin puis en français de ces noms ont donné une multitude de dénominations. On peut essayer de présenter ainsi les plus utilisés selon leurs correspondances. Dieu reçoit bien d’autres noms symboliques – notamment dans les Psaumes – comme » berger « , » rocher « , » Sauveur « , etc. :
Hébreu | Grec | Latin | Français |
Yhwh | Kyrios | Dominus | Seigneur |
Yhwh Sabaoth | Kyrios pantocratôr | Dominus exercituum | Dieu des armées |
Elohim | Theos | Deus | Dieu |
Adonaï | Kyrios | Dominus | Seigneur |
Shaddaï | Pantocratôr | Omnipotens | Le Tout-Puissant |
Elyôn | Hupsistos | Altissimus | Le Très-Haut |
La création est une notion fondamentale de la Bible. Elle soulève la question de l’origine du monde et de l’homme. La Bible n’élabore pas de discours scientifique mais théologique : pourquoi Dieu a-t-il créé l’univers et l’homme ? Les théologiens reconnaissent deux grandes affirmations bibliques.
- Dieu est présenté comme étant sans cesse créateur.
- Il prépare une nouvelle création
Dans le récit de la mort de Lazare, le récit dit à plusieurs reprises que Jésus » frémit en son esprit « . Cette expression est utilisée pour parler d’une émotion forte qui est généralement proche de la révolte. Les Evangiles témoignent donc d’un Jésus qui n’accepte pas le malheur, la maladie et la mort mais qui les combat là où il les rencontre. Lorsqu’il apprend la mort de son ami Lazare, Jésus ne tient pas de discours explicatifs sur le mal, mais ressent ce malheur. Jean 11,1-44
Psaume 22,2-12
Ce psaume est donc un chant qui exprime avec force le malheur d’un homme. Il s’agit littéralement d’un cri de douleur et de désespoir adressé à Dieu. Ce cri appelle au réconfort, à la justice mais surtout réclame la présence de Dieu. Au travers de cet appel, l’homme témoigne tout en même temps de sa profonde détresse et de sa confiance en ce Dieu qui lui restera, malgré tout, fidèle.
L’amour affection (en hébreu, ahaba) : c’est la tendresse, l’attachement – par exemple » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu « Deutéronome 6,5
L’amour bonté (en hébreu hèsèd) : c’est le désir de faire du bien à quelqu’un envers qui on est engagé, parent, enfant, ami. Or, l’amour de Dieu et d’Israël est caractérisé par l’alliance qui les unit. Comme dans un couple, cette alliance doit assurer l’identité et le bonheur de chacun, grâce aux engagements réciproques de fidélité. Dieu, qui a l’initiative de l’amour, promet à son peuple la bénédiction (la réussite) et le salut (la libération). En retour, celui-ci lui accorde sa confiance, à l’exclusion des autres dieux. Hèsèd peut se traduire par bonté, bienveillance, fidélité qui définit les bases de cette alliance.
L’amour compassion (en hébreu hanan ou raham) : ces deux verbes sont souvent appliqués à Dieu envers les hommes, » Dieu de tendresse (raham) et de pitié (hanan), lent à la colère « Exode 34,6. On n’hésite pas à attribuer à Dieu ce langage considéré comme plutôt maternel (Esaïe 49,15)
On ne retrouve pas la variété du vocabulaire de l’Ancien Testament. A partir de Jésus, Dieu veut ouvrir la relation d’alliance à tous les hommes. Pour traduire ce caractère exclusif d’un amour qui se donne, les évangiles utilisent le terme grec agapè, avec toute sa dimension affective (qui a donné dilectio ou caritas, » charité » en latin). Agapè traduit à la fois l’amour-affection et l’amour-bonté. Mais l’amour-compassion est rendu en grec par éléos (cf. Kyrié élèison : » Seigneur, prends pitié « ). La mission de Jésus a consisté à montrer à ses disciples la force nouvelle de cet amour filial, union intime entre le Père et lui, désigné aussi par le mot agapè. C’est le même mot qu’on retrouve pour désigner l’union entre Jésus-Christ et les hommes (Jean 15,9), et entre les hommes eux-mêmes (Luc 10,27). Quant à la célèbre affirmation » Dieu est amour » qu’on trouve dans 1Jean 4,8, elle reprend ce mot, agapè, qui traverse donc l’ensemble du Nouveau Testament.
Matthieu 21,1-11 Ce passage biblique inaugure la dernière période de la vie de Jésus : il entre à Jérusalem, ville où il sera crucifié. Matthieu raconte cette entrée dans la capitale religieuse comme l’accomplissement des prophéties qu’on trouve dans l’Ancien Testament (notamment celle en Zacharie 9,9). Il décrit un Jésus acclamé et reconnut comme » Seigneur » et » Fils de David « . Cette même foule criera pourtant » A mort ! » lors de son jugement. Une des lectures qu’on peut faire de ce passage relèverait l’ambiguïté de ce que la foule espérait de la venue du Messie. On pourrait ainsi relever que le peuple attendait un sauveur qui le libère concrètement de l’oppression romaine (à l’image de la libération de ses ancêtres lorsqu’ils étaient esclaves en Egypte). Leur déception l’aurait alors conduit à faire mourir Jésus pour ne pas avoir été ce sauveur glorieux et puissant qu’ils imaginaient.
C’est dans l’évangile selon Jean que l’intimité qui unit Jésus à Dieu est racontée de la manière la plus frappante. Dans ce passage, Jésus prie son Père en associant ses disciples à cette filiation : le croyant entre dans la communion qui existe entre le Père et son Fils.
Jean 17,1-26
Esaïe 42,1-7 A plusieurs reprises dans le livre du prophète Esaïe, on trouve la description d’un serviteur qui serait pleinement et véritablement le porte-parole de Dieu. On ne sait pas exactement qui est ce serviteur, d’ailleurs son identité semble ne pas être la même selon les passages (il désigne même parfois le peuple d’Israël en son ensemble). Ces passages, au style poétique, ont longtemps été lus par les chrétiens comme l’annonce explicite de la venue de Jésus parmi les hommes. Il décrive en effet un serviteur faible et humilié qui obéira à la Parole de Dieu quitte à subir les pires châtiments de la part des hommes. On retrouvera également des versets issus de ces poèmes dans les évangiles (notamment celui selon Matthieu, par exemple en Matthieu 12,18-21)
Jean 14,6-10 A travers ces versets, Dieu est donné » à voir » par Jésus : Jésus est dans le Père et le Père est en lui. Cette proximité de Dieu par son Fils bouleverse les disciples mais les plonge aussi dans l’interrogation. La présence » physique » de Jésus ne semble pas combler leurs attentes ou tout du moins leurs questionnements. Ainsi, on pourrait lire dans cette parole de Jésus – » Je suis le chemin et la vérité et la vie » – une invitation non pas à » acquérir » une connaissance de Dieu, mais à » cheminer » à ses côtés.
Toutes les religions transposent chez les dieux les réalités humaines et sociales essentielles, à commencer par la paternité et la maternité. Par exemple, le nom de Jupiter vient de Zeus-pater, » Zeus père » ; les idolâtres déclarent à leurs dieux : » Tu es mon père ! […] C’est toi qui m’as enfanté » (Jérémie 2,27). La Bible présente le Dieu d’Israël comme père, mais avec des réserves. Dans l’Ancien Testament, le père (ab en hébreu) n’est pas seulement celui qui féconde la mère et donne la vie ; il est aussi le chef de la famille (la » maison du père » Genèse 12,1). Il est, avec la mère, l’éducateur des enfants et ceux-ci doivent respecter leurs parents, les honorer (Exode 20,12). Le nom de père est aussi donné à ceux qui ont autorité sur un groupe. Les » pères » sont les ancêtres, notamment les trois patriarches Abraham, Isaac et Jacob (Exode 3,15). Abraham est dit » père des croyants » (Romains 4,11), car les juifs et les chrétiens héritent de la promesse qu’il a reçue. Le roi est appelé » père » du peuple (Esaïe 9,5). Un prêtre juif (Juges 17,10) ou un rabbi peuvent recevoir ce titre (ce que refusera Jésus – Matthieu 23,9 -).
Parce qu’il l’a libéré d’Egypte, Dieu appelle son peuple » mon fils premier-né » (Exode 4,22-23). Tout l’exode peut être perçu comme l’éducation du peuple, comme celle d’un fils par son père (Deutéronome 8,5). Dieu se montre plein de tendresse (Osée 11,1-4) ; d’où sa souffrance devant l’ingratitude de ses enfants (Osée 11,8-9 ; Jérémie 3,19). Le titre de » fils de Dieu » est d’abord donné au roi (2Samuel 7,14), puis au peuple converti (Osée 2,1). Rares et tardives sont les prières qui appellent Dieu Père (Esaïe 63,16), car le judaïsme a résisté au langage des autres religions où dieux et déesses s’unissent et deviennent pères et mères. Pour parler de Dieu père d’Israël, on emploie aussi parfois des images maternelles (Nombres 11,11-15 ; Esaïe 49,15 et Esaïe 66,13)
Dans le Nouveau Testament, Jésus révèle un Père plein de tendresse pour ses enfants, comme dans la parabole du père et de ses deux fils (Luc 15,11-32) ; on ne peut avoir Dieu pour Père sans traiter le prochain en frère. Il est paternel envers chacun (Matthieu 6,32 ; Matthieu 7,11). Jésus est pratiquement le seul, dans le judaïsme ancien, à oser appeler Dieu familièrement : » Père, mon Père » (en araméen : Abba – Marc 14, 36), révélant ainsi son intimité unique avec lui. Il parle aux disciples de » votre Père » et leur apprend à prier » Notre Père » (Luc 11,2). Lors de son baptême et de sa transfiguration, la voix du Père le nomme » mon fils bien-aimé » (Marc 1,11 ; Marc 9,7). C’est surtout dans l’évangile de Jean que Jésus parle de sa relation filiale totalement confiante (Jean 14,9-10). Jésus ouvre cependant cette relation aux disciples (Jean 14,23). Pour l’apôtre Paul, le Père de Jésus a fait des chrétiens des enfants d’adoption (Ephédiens 1,5-6) ; il a donné son Esprit aux croyants qui fait d’eux des fils et les fait prier en disant » Abba, Père ! » (Romains 8,14-17)
Dieu révèle son nom à Moïse lors de la vision du buisson ardent : » Je suis celui qui suis/est » (Exode 3,14). C’est un Dieu personnel qui se présente à lui, le Dieu des patriarches, qui veut intervenir pour libérer son peuple opprimé en Egypte et le mener vers la Terre promise. Par respect pour ce nom divin – peut-être Yahwéh ou Yahoh ? – le peuple juif ne le prononce plus. Les quatre consonnes YHWH (ou tétragramme), sont remplacées à la lecture par Adonaï. C’est le nom divin le plus employé dans l’Ancien Testament (6828 fois dans sa forme complète).
Le tétragramme Yhwh est parfois accompagné du complément de nom tsevaôt (qu’on transcrit Sabaoth), qui est le pluriel de tsava : armée : » Dieu des armées » (utilisé 484 fois dans la Bible). Quelles sont ces armées ? Anciennement les armées d’Israël (1Samuel 17,45), mais ensuite les armées célestes : les astres et les anges qui exécutent les ordres de Dieu (Psaume 103,20-21) et le chantent (Luc 2,13). Ce sens exprime sa maîtrise sur la création. C’est pourquoi on traduit » Dieu des armées » ou alors » Dieu de l’univers « .
El désigne la divinité, en particulier le grand dieu, le père des dieux, chez les peuples voisins d’Israël. Son nom vient de la racine oul, » être puissant « . Dans la Bible, le pluriel Elohim sert à nommer le Dieu unique en disant sa grandeur, sa plénitude, son excellence. Après Yhwh, c’est le nom divin le plus employé dans la Bible (2600 fois).
A la place de Yhwh, par respect pour le nom propre de Dieu, on dit Adonaï, » Mon Seigneur » ou Adôn, » Seigneur » (773 fois dans la Bible). Ce mot est aussi employé au sens profane pour désigner un roi, ou le maître d’un domaine ou d’une maison avec des serviteurs.
L’origine de ce nom ancien est incertaine : peut-être celui d’un dieu des montagnes ? Ce nom plus rare (51 fois dans la Bible), est surtout employé dans la Genèse 17,1 et dans Job 5,17. Sa traduction en grec est souvent Pantocratôr, » le Tout-Puissant « .
Cet adjectif (51 fois dans la Bible) est souvent précédé de Yhwh ou d’Elohim (ou de El). Il dérive du verbe ‘alah, » élever » ; d’où la traduction en grec par hupsistos, » Très-Haut « . Ce nom évoque les hauteurs célestes où Dieu habite (Genèse 14,18-20), et d’où il domine tous les dieux (Psaume 97,9). Sa dimension royale permet de proclamer la royauté de Yhwh : » Le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable, le grand roi sur toute la terre » (Psaume 47,3).
» Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Genèse 1,1) : ce verbe » créer » (bara en hébreu) n’a jamais d’autre sujet que Dieu, lui seul est créateur. L’univers et tous les êtres qui l’habitent sont l’oeuvre de Dieu. Pour la Bible, la création n’est pas seulement » au commencement « , mais elle continue, incessante : » Tu envoies ton souffle, ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre » (Psaume 104,30). Dans ce monde radicalement dépendant de Dieu, l’homme a reçu une mission particulière : continuer l’œuvre créatrice de Dieu. L’homme est en effet institué partenaire de Dieu : » Qu’est donc l’homme pour que tu penses à lui ? […] Tu en as presque fait un dieu : tu le couronnes de gloire et d’éclats ; tu le fais régner sur les œuvres de tes mains ; tu as tout mis sous ses pieds » (Psaume 8,5-7).
Les prophètes annoncent que Dieu prépare une nouvelle création : » En effet, voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle ; ainsi le passé ne sera plus rappelé » (Esaïe 65,17). Les images grandioses des apocalypses rappellent aux croyants que ce monde n’est pas éternel et qu’il est appelé, comme tous les vivants, à connaître une fin (Apocalypse 21,1). Jésus l’annonce également : » Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Marc 13,31). De plus, l’apôtre Paul explique que » [La création] est livrée au pouvoir du néant […] elle garde l’espérance, car elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu » (Romains 8,20-21). C’est en ce sens que les théologiens pensent que Jésus a inauguré une création nouvelle : » Aussi, si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là. » (2Corinthiens 5,17).