Dieu - Espace temps
Le thème de » l’absence de Dieu » traverse la tradition judéo-chrétienne
L'expression regroupant " judaïsme " et " christianisme " n'apparaît qu'au 19e siècle (période de l'émergence de l'histoire telle qu'on la conçoit aujourd'hui) : elle entend désigner l'ensemble des dogmes et préceptes communs à ces deux religions. Elle souligne également le fait que le christianisme est issu du judaïsme, que leur histoire est intimement liée
.. L’histoire de la théologie montre que ce thème a toujours interrogé et produit nombre de réflexions parmi les commentateurs des Ecritures. Pourtant, on peut noter que cette » absence de Dieu » a marqué d’autres champs de pensée que celui de la théologie, notamment les champs du savoir, de l’histoire et de la morale.
Le processus de marginalisation de Dieu, commencé en Occident à la fin du Moyen-Age, s’est amplifié jusqu’à évacuer Dieu d’une large partie de la pensée. Loin de se ralentir, ce phénomène semble même s’accélérer et s’approfondir. Ce qui ne veut pas dire que les hommes ne réinvestissent pas du sacré
L'adjectif " sacré " s'applique à ce qui est consacré à Dieu. Largement diffusé par l'Eglise jusqu'au 16e siècle, il qualifie ce qui appartient à un domaine interdit et inviolable (par opposition à profane) et qui fait même l'objet d'un sentiment de révérence religieuse. dans certains autres aspects de leur vie. En effet, parallèlement à cette » évacuation de Dieu « , on peut remarquer des » phénomènes de divinisation « . Par exemple, si Dieu n’est plus un concept communément partagé, d’autres dieux semblent l’avoir remplacé (la suprématie du corps, de la réussite, de l’argent, etc.).
Jusqu’aux temps modernes (jusqu’aux 16e et 17e siècles), Dieu fondait le savoir : la théologie était la reine des sciences (les facultés de théologie dirigeaient d’ailleurs les universités) et l’Eglise veillait à cela. Le siècle des Lumières a fait voler en éclat définitivement cette mainmise. Ainsi, le 19e siècle a vu naître le positivisme et sa volonté de soumettre le Dieu des chrétiens à la raison des philosophes : la science est alors devenue l’ennemie de Dieu. C’est au 20e siècle que les rapports entre » savoir scientifique » et » conviction religieuse » se sont apaisés (notamment parce que la science et ses progrès ont aussi montré leurs limites). La grande majorité des chrétiens reconnaît désormais que la Bible n’a rien à dire sur le domaine de la physique ou de la biologie, de même que les théories scientifiques laissent la question de Dieu ouverte (indécidable). Dieu est donc évacué du » savoir » : le » croire » n’est plus une menace pour les sciences.
Dieu a été évacué de l’histoire humaine. Auschwitz, et tout ce que ce lieu représente, a balayé les conceptions traditionnelles sur Dieu (notamment Dieu en tant que maître de l’histoire). Sur un tout autre plan, et plus simplement, l’histoire immédiate (celle de la vie sociale) a largement mis Dieu au silence : il n’est plus » ce qui compte « , » ce qui a de l’importance « . Par exemple, les fêtes chrétiennes inscrites dans le calendrier (Ascension, Pentecôte, Noël, etc.) ont depuis longtemps perdu leur signification chrétienne.
La morale Ces deux mots sont souvent confondus. L'un et l'autre désignent ce qui permet de déterminer les finalités de la vie humaine, ce qui est bien et mal, bon et mauvais, juste et injuste. a évacué Dieu : il n’est plus possible aujourd’hui de proposer une morale fondée religieusement et universellement normative. En effet, les sciences humaines ont montré qu’il existait des invariants parmi les différentes cultures : nul besoin des » 10 commandements » pour que le meurtre soit interdit, cet interdit (comme d’autres) forme le socle de toute culture humaine. Les préceptes moraux fondamentaux traversent les cultures et les religions. De plus, la mondialisation des informations permet de relativiser les choix moraux : ce qui est bon » ici « , ne l’est pas nécessairement » là-bas « . La diversité des cultures, la complexité des situations interdisent de décréter des décisions morales valables pour tous et partout.
La Bible s’ouvre par un grand récit de la création qu’on considère généralement comme un mythe Du grec "muthos" qui signifie "récit", le mythe est un récit fabuleux transmis par la tradition et qui met en scène des êtres qui incarnent sous une forme symbolique des forces de la nature, des aspects de la condition humaine. En cela, les mythes participent à la compréhension du fonctionnement du monde et de la condition humaine.. » Mythe » ne signifie pas » histoire fausse « , ou » mensongère « . Cela signifie que le récit n’entend pas raconter des événements mais faire entendre un message. La vérité d’un texte historique ou scientifique consiste dans sa conformité avec les faits. La vérité d’un mythe réside en ce qu’il parle du sens de l’existence au moyen d’une histoire fictive. Ainsi en va-t-il du récit biblique de la création : il cherche à dire une vérité des relations entre Dieu et le monde, entre Dieu et les hommes. On appelle » créationnistes » non pas ceux qui croient que Dieu est créateur, mais ceux qui défendent une interprétation littérale du récit de la création en six jours (Genèse 1). Ils estiment que ces passages bibliques racontent exactement ce qui s’est passé, qu’il faut voir dans ce chapitre le récit fidèle d’événements réels. Outre que cette position est taxée d' » absurde » et d' » obscurantiste » par la grande majorité des chrétiens – et théologiens -, elle disqualifie la recherche scientifique au nom d’une compréhension superstitieuse de la religion.
Le protestantisme porte un regard sur la liberté tout à fait particulier. En effet, les Réformateurs, et particulièrement Luther, en ont fait un de leurs thèmes privilégiés dans leur compréhension de la foi chrétienne. Les textes bibliques ne thématisent pas la liberté et n’en font pas un concept philosophique. Par contre, ils parlent de la liberté comme une expérience : la libération que le croyant éprouve dans sa rencontre avec Dieu. Ainsi, si l’être humain peut faire l’expérience de la liberté, c’est d’abord par l’action de Dieu qui le libère en vue d’une transformation de sa vie. Forts de cette lecture biblique, les Réformateurs n’auront de cesse de penser la liberté comme un don, s’offrant dans la foi. Ils affirmeront la liberté de conscience irréductible du chrétien et de tout individu, position qui les détachera nettement de la conception de l’autorité de l’Eglise développée alors par l’autorité catholique romaine.
La liberté des philosophes modernes (et particulièrement à partir de Kant
Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse orientale (actuellement Kaliningrad, en Russie) dans un milieu modeste et particulièrement pieux. Il fréquente tout d'abord un collège dirigé par un pasteur puis entame des études universitaires.), se concevra sans Dieu. Ces concepts font alors de l’homme un être autonome qui ne reçoit pas sa liberté d’une transcendance mais de sa raison. Les théologiens reprendront ces conceptions pour articuler autrement » liberté » et » Dieu « . L’enjeu consiste alors essentiellement dans la manière dont on conçoit l’homme. Ou bien l’homme est un être à libérer, ou bien la liberté appartient à la nature humaine.
Toutes les théologies chrétiennes s’interrogent sur les relations que Dieu entretient avec l’histoire, s’il s’y engage (ou non) et comment. Il existe de multiples positions. En théologie protestante, on tente cependant d’en distinguer trois :
Pour toute une famille théologique (notamment marquée par la pensée de Luther Réformateur allemand né et mort à Eisleben. Moine, prêtre, docteur en théologie, professeur d'exégèse biblique, il était habité par une intense quête spirituelle concernant le salut.*), l’histoire du monde manifeste avant tout l’ampleur du péché humain. Ici, Dieu ne gouverne pas le monde selon un plan préétabli. On insiste alors plus particulièrement sur l’histoire de l’individu croyant : l’histoire de ses espérances, de ses souffrances et de ses luttes. On parlera alors d’une vision existentielle de l’histoire.
Pour un autre courant de théologie protestante (notamment marquée par la pensée de Calvin
français né à Noyon. Il a une formation d'humaniste, étudiant les lettres, la philosophie, le droit, l'hébreu, le grec, la théologie en divers lieux universitaires (Paris, Orléans, Bourges).), Dieu dirige le monde et le mène où il l’a décidé de toute éternité. Le temps historique devient alors le temps que sa providence contrôle, le plus souvent à l’insu des hommes. Dans cette perspective, Dieu est le maître de l’histoire et son jugement est l’instance régulatrice de ce monde.
Pour un troisième courant de théologie protestante (notamment marquée par les courants millénaristes
Croyance dans un règne terrestre à la fin des temps, inauguré par le Messie et ses élus, qui durera pendant 1000 ans. La pensée millénariste s'appuie en particulier sur des textes du livre de l'Apocalypse .), il s’agit de sortir de l’histoire. Convaincu de l’imminence de la fin de l’histoire, le rôle du croyant est de hâter la parousie
Le mot parousie vient du grec " parousia " qui signifie " présence, arrivée, venue ". Il se dit principalement du dernier avènement du Christ. en se projettent déjà dans le Royaume de Dieu. Dans cette perspective, Dieu détermine la fin de l’histoire.
Ces théologies ne font que tracer des repères. Cependant, chacune d’elles suscite des attitudes éthiques et détermine différentes visions de l’Eglise. Penser l’histoire a des conséquences sur la manière dont on vit l’histoire. Quand on la pense contrôlée et dirigée par Dieu, on n’a pas la même conception de la responsabilité (et de la liberté) que quand on pense l’histoire autonome.
Certains théologiens affirment que la puissance divine se caractérise par une potestas absoluta, un pouvoir absolu. Dieu veut et fait tout ce qui se produit dans le monde. Rien n’existe, rien n’arrive en dehors de ce qu’il a décidé. Sa volonté ne se heurte à aucune résistance : il détient toute la puissance et en a le monopole. Il n’existe pas d’autre puissance que la sienne : les hommes lui doivent donc leurs bonheurs et leurs malheurs, leurs réussites et leurs échecs. Les plus petits incidents comme le plus grand des événements viennent de lui. Cette manière d’envisager la puissance divine se trouve notamment chez Calvin français né à Noyon. Il a une formation d'humaniste, étudiant les lettres, la philosophie, le droit, l'hébreu, le grec, la théologie en divers lieux universitaires (Paris, Orléans, Bourges). qui insiste particulièrement sur la souveraineté de Dieu : » Posons le cas qu’un marchand, étant entré dans une forêt avec bonne et sûre compagnie, s’égare et tombe en une briganderie où les voleurs lui coupent la gorge. Sa mort n’était point seulement prévue par Dieu, mais était décrétée en son vouloir » (Institution de la Religion chrétienne,1,16,9). Calvin ne fait pourtant pas de la volonté de Dieu une excuse des méchants. Les brigands en question agissent conformément à ce que Dieu a décidé, mais ça ne diminue en rien leur culpabilité car ils assassinent non pas pour obéir à Dieu mais par méchanceté. Dans cette perspective, puisque Dieu décide de tout, le croyant doit considérer et recevoir comme un bien ce qui arrive, y compris les catastrophes et les meurtres. Seule l’ignorance fait que des événements apparaissent négatifs. Les hommes les jugent tels parce qu’ils ne voient ou ne connaissent qu’un côté des choses : ils ne connaissent pas les raisons de Dieu. Quand le mal l’atteint, le calviniste déclarera donc : » Dieu me frappe, même si j’en souffre atrocement, même si je ne le comprends pas, ma foi me persuade qu’il le fait en vue de mon bien, par amour et sollicitude pour moi « .
Certains théologiens estiment que tout est possible à Dieu : il est omnipotent. Rien ne limite ni ne borne son pouvoir. Il peut imposer sa volonté en toutes circonstances, intervenir dans l’histoire et faire agir chacun selon son désir. Pourtant, Dieu a décidé de ne pas exercer ce pouvoir, parce qu’il tient à avoir affaire à des êtres libres, qui l’aiment et l’écoutent de leur propre chef et non par contrainte. Dans cette perspective, Dieu ne veut pas le mal, mais le permet : il tolère ce mal parce qu’il désire que ses créatures soient des personnes capables de prendre parti, de s’engager et non de vivre comme des marionnettes.
Cette thèse est très ancienne, elle a pourtant été reprise au 20e siècle par des théologiens comme Emil Brunner
D'origine zurichoise, Emil Brunner fait ses études de théologie à Zurich, puis à Berlin. Il devient professeur de théologie systématique et de théologie pratique à Zurich en 1924.. Selon lui, pour que l’homme soit libre, Dieu accepte de ne pas exercer sa puissance. Dieu se vide d’une partie de lui-même, abandonne son infinité en faveur du monde et de l’être humain (c’est ce qu’on appelle une kénose, acte de se vider, de se dépouiller). Dans cette perspective, on affirme pourtant que Dieu intervient dans le monde. Il le ferait par des actes ponctuels : dans certains cas exceptionnels, Dieu opère des miracles et intervient directement. Il utiliserait aussi le mal : il s’en sert pour faire sortir un bien (comme à la Croix, vu comme un mal que Dieu utilise pour produire un bien). Nombreux théologiens se sont attaqués à cette thèse. Par exemple, Wilfred Monod
Né dans une famille de pasteurs, Wilfred Monod fait des études de philosophie, puis de théologie. Il voyage beaucoup pendant ses études. montre qu’une telle omnipotentia de Dieu n’assure nullement la liberté des hommes. Pour illustrer, il cite le cas des catastrophes naturelles qui ne préservent en rien la liberté de choix des victimes.
Certains théologiens envisagent le monde comme un champ de bataille où s’affrontent des forces antagonistes. La Bible parle de toutes sortes de puissances, humaines ou démoniaques, qui s’opposent à Dieu et qui, pour le moment, le tiennent en échec (Ephésiens 6,10-20 ou Apocalypse 2,14-16). Par exemple, dans la parabole de l’ivraie (Matthieu 13,24-30), des théologiens y lisent un Dieu propriétaire qui ne dirige pas sa propriété et dont les employés ne respectent pas les ordres au point que Dieu en perd son autorité. Dans cette perspective, Dieu ne veut pas et ne permet pas tout ce qui se passe : quantité de choses existent et arrivent sans qu’il puisse les empêcher. Dieu se trouve pris dans une sorte de combat contre les forces démoniaques qui lui résistent et s’opposent à lui. Sa puissance est pour le moment limitée mais le croyant est assuré que rien ne parviendra à la vaincre ou à la détruire : Dieu finira par l’emporter. Le lien qui unit l’homme à Dieu – la foi – crée et suscite une force suffisante pour faire face, pour résister à tout ce qui agresse et fait souffrir. Selon cette thèse, la puissance de Dieu donne l’assurance que » ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Romains 8,38-39).
Certains théologiens refusent l’idée même que Dieu détiendrait une quelconque puissance. Ils affirment une radicale impuissance de Dieu. Loin de parler d’un Dieu souverain, le Nouveau Testament insiste selon eux sur l’humilité et la faiblesse divines. La véritable image de Dieu est Jésus-Christ, condamné à mort, supplicié et crucifié et non la figure triomphante et majestueuse d’un Hérode ou d’un César. Dieu ne dispose d’aucune puissance. Pour qualifier cette position, on parle souvent de » théologie de la Croix » : la croix révèle l’être véritable de Dieu, alors que la théologie de la gloire spécule sur un Dieu philosophique qui a pour attribut principal la puissance.
Des théologiens comme Wilfred Monod
Né dans une famille de pasteurs, Wilfred Monod fait des études de philosophie, puis de théologie. Il voyage beaucoup pendant ses études. (1867-1943) ou Dietrich Bonhoeffer
Théologien protestant. Il devient pasteur et aumônier auprès des étudiants. (1906-1945) ont insisté sur cette idée d’un Dieu impuissant, souffrant. Par exemple, Dietrich Bonhoeffer
Théologien protestant. Il devient pasteur et aumônier auprès des étudiants. réfléchit sur la place et la fonction de Dieu dans le monde et dans l’existence du croyant et selon lui, l’impuissance de Dieu comprend au moins deux aspects. D’abord, elle oblige à vivre dans le monde sans Dieu, c’est-à-dire sans compter sur des secours et des interventions surnaturelles, sans s’attendre qu’à chaque instant il intervienne. C’est une invitation à agir de manière responsable. Ensuite, Dieu aide précisément parce qu’il est faible et souffrant. Il apparaît non pas comme un magicien qui règlerait du dehors les problèmes, mais comme celui qui les partage, les vit et les porte. Son exemple aide le croyant à porter ses échecs et ses douleurs : Dieu se fait proche. Le Dieu faible et souffrant aide le croyant à renoncer à son rêve de toute puissance qui manifeste son refus d’accepter sa condition humaine.
La Bible parle de Dieu comme un Père, elle parle également de son Esprit, et de son Fils, mais ne dit pas grand chose de la nature des relations qui unissent ces trois personnes. Le dogme
Vient d'un verbe grec dokein qui signifie " croire ", " décider " et qui a donné dogma : " opinion " ou " décision ". Dans l'usage théologique actuel, le dogme désigne une vérité que l'Eglise pose comme devant être crue. de la Trinité naît plus tard, au moment où différentes positions s’affrontent.
Dès les premiers temps de l’Eglise, les chrétiens sont critiqués par des juifs pour lesquels la foi au Fils de Dieu incarné est une attaque directe contre le monothéisme. Ils reprochent aux chrétiens de confesser une foi en deux dieux (d’être di-théistes) : Dieu le Père et Jésus-Christ le Fils. D’un autre côté, à cette même époque, les Grecs, les païens, les philosophes trouvent que l’incarnation et la mort du Fils de Dieu est une absurdité par rapport à l’idée même de Dieu. Ils estiment être une folie qu’un Dieu se fasse homme non pour devenir un héros mais un serviteur qui subit la condamnation réservée aux esclaves (la crucifixion). De plus, les premiers chrétiens doivent gérer des oppositions internes : certains chrétiens pensent que Jésus-Christ n’avait rien d’humain, il n’aurait eu qu’un corps apparent comme celui d’un fantôme (cette position est appelée docétisme), d’autres chrétiens pensent que Jésus n’avait rien de divin et qu’il ne serait qu’un homme comme les autres (c’est la pensée d’Arius qui a donné naissance à ce qu’on appelle l’arianisme).
C’est pour trancher parmi ces positions que se tient le concile de Nicée en 325, puis celui de Constantinople en 381. Ces conciles vont rédiger une formulation trinitaire.
Les conciles
Conciles considérés comme " universels ". Ceux du premier millénaire se sont tous tenus en Orient, sur le territoire de la Turquie actuelle. de Nicée en 325, puis de Constantinople en 381, vont affirmer que Dieu est un et trine (divisé en trois) à la fois : Dieu est trine dans ses personnes, et unique dans son essence. Entre le Père, le Fils, et l’Esprit, on parle » d’union sans confusion, de distinction sans séparation « . Ils sont tous les trois, dans l’unité et la distinction, l’unique vrai Dieu. Après Nicée-Constantinople, les Pères
Dans l'Antiquité, le maître était souvent désigné comme " Père ". De ce fait, ce nom revient aux évêques, mais on étend ce sens de Père à des écrivains reconnus comme témoins de la tradition authentique de l'Eglise. de l’Eglise se sont beaucoup penchés sur le sens exact des termes personnes ou hypostase, et essence ou nature, dans des débats qui semblent plus oubliés aujourd’hui.
Cela n’enlève rien à l’intérêt de la formulation trinitaire dont on peut souligner au moins deux aspects.
- Le premier est que ce dogme affirme parfaitement ce que Dieu n’est pas : le Père n’est pas un créateur qui se serait retiré de sa création en laissant les hommes seuls. Le Fils n’est ni un homme qui aurait particulièrement bien compris qui est Dieu, ni un Dieu qui aurait fait semblant de devenir un homme. L’Esprit n’est pas l’esprit religieux des hommes qui cherchent Dieu.
- Le second aspect est que le symbole trinitaire rend compte de la continuité de l’action de Dieu parmi les hommes. L’unité trinitaire annonce que le Dieu créateur est le même que le Dieu qui s’implique dans la création en Jésus-Christ, et qu’il est le même que le Dieu qui s’adresse aux hommes aujourd’hui par son Esprit.
Dans son Traité de la liberté chrétienne, Luther insiste sur la liberté comme un don, comme une liberté reçue et non pas conquise. Il expose ainsi une tension devenue célèbre : » Le chrétien est l’homme le plus libre ; maître de toutes choses, il n’est assujetti à personne. L’homme chrétien est en toutes choses le plus serviable des serviteurs ; il est assujetti à tous « . Dans cette perspective, la liberté véritable ne consiste pas à être autonome ni même à se détacher des contingences liées à la condition humaine. Il s’agit d’être libéré intérieurement et dans ce cas, la liberté consiste à placer le fondement de sa vie en dehors de toutes ces contraintes, en Dieu.