Qu’est ce qui justifie ma vie ? - Contexte

Justification gratuite

Pour comprendre la « justification par grâce« , deux paraboles :

Quand un bébé singe se trouve en danger, quand quelque chose le menace, sa mère court à lui et le petit s’accroche, s’agrippe à ses épaules. Pendant que la mère l’emporte, il se tient, et il lui faut se tenir solidement. Il ne peut pas se tirer d’affaire tout seul ; il a besoin de sa mère, mais il doit aussi participer. S’il lâche prise, il sera perdu.

Parabole du salut tel que le comprend le catholicisme classique.

Quand un chaton court un risque, quand un péril le guette, la mère chatte se précipite, le prend par la peau du cou, l’emporte dans un lieu sûr, et le met hors de danger, sans qu’il coopère ; il reste passif, il lui arrive même de se débattre. Sa mère fait tout le travail.

Parabole du salut tel que le comprend le protestantisme classique. (André Gounelle)

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Salut

Le message du salut comprend le salut comme l'action de Dieu qui libère. Le texte de référence est la sortie d'Egypte, la libération de l'esclavage, de l'oppression. -sauvé de la mort, du non-sens, de la culpabilité, etc. – est toujours reçu individuellement et intérieurement. Il s’agit d’une expérience spirituelle intime. Est-ce à dire que le salut se trouve « au fond de nous-mêmes » ? Certains mouvements de spiritualité peuvent le faire croire. Dans leur enseignement, l’être humain doit lui-même construire ou bien découvrir son salut. Celui-ci serait comme une vérité qui se trouverait au fond de l’être humain et qu’il suffirait de découvrir. A force de pratiquer des exercices spirituels, l’être humain accéderait à ce savoir oublié sur le sens de sa vie.
Le message biblique exprime des convictions tout autres. Le sens, le salut, la vérité ne sont pas la propriété de l’être humain. L’être humain ne peut donc se suffire à lui-même, c’est un autre qui lui apporte la vie, le sens… Cet « autre » est tout d’abord l’autre être humain, mais dans un sens ultime c’est Dieu. Donner de la place à cette altérité est essentiel pour la démarche de foi. Dans la Bible, Dieu est cet autre qui libère la vie refermée sur elle-même.

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Moyen-Age

Il est aujourd’hui parfois difficile de comprendre à quel point l’être humain du Moyen Age était préoccupé de son salut comprend le salut comme l'action de Dieu qui libère. Le texte de référence est la sortie d'Egypte, la libération de l'esclavage, de l'oppression.. Dans une société où l’Eglise joue un rôle prééminent, où l’angoisse devant la damnation était tout à fait réelle, l’être humain se demande comment « se sauver ». La vie après la mort, la vie éternelle C'est une expression qui revient très souvent dans les textes du . Il est important de rappeler qu'il ne s'agit ici nullement d'une vie qui ne commencerait qu'après la mort. était une vraie préoccupation. Devant les exigences et les conditions d’entrée dans le ciel répercutées par l’Eglise, l’être humain capitulait bien souvent en se demandant comment il pourrait bien y arriver. C’est cette situation de base qui permet de comprendre les réponses théologiques et pratiques que l’Eglise a essayé de mettre en place.

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Aujourd'hui

L’annonce du salut revêt aussi d’autres formes et répond à d’autres préoccupations :
– Devant la crainte de la mort et du néant, elle affirme que Dieu donne une vie au-delà de la tombe.
– Devant l’angoisse de l’absurde, elle proclame que Dieu donne sens à notre existence et au monde.
– Devant les contraintes sociales économiques, politiques et autres qui nous asservissent et nous empêchent de mener une vie vraiment humaine, elle déclare que Dieu nous rend libre.
– Devant le poids de la solitude, elle nous parle de Dieu qui nous accompagne et se rend présent à nous.
(André Gounelle)

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Les mérites

L’idée centrale derrière la notion de « mérites » est que l’Eglise possède une sorte de trésor, constitué de toutes les actions bonnes du Christ et de tous les saints, utilisable pour ceux qui en ont besoin. Au lieu d’accomplir eux-mêmes des « bonnes œuvres », ils peuvent puiser -pour eux-mêmes ou pour des proches- dans ce trésor de l’Eglise moyennant des pèlerinages, des prières, des offrandes, etc. Les mérites du Christ ou des saints leur sont alors attribués comme s’ils les avaient accomplis eux-mêmes. Ce système confère à l’Eglise une place-clé, puisque c’est à travers elle que l’on a accès au « trésor », et sous-entend une compréhension méritoire du salut comprend le salut comme l'action de Dieu qui libère. Le texte de référence est la sortie d'Egypte, la libération de l'esclavage, de l'oppression..
Au 16e siècle, Luther a violemment critiqué ce système.
1° Il y voyait une manière pour l’Eglise de s’enrichir financièrement sur le dos des croyants inquiets pour leur salut,
2° mais surtout parce que cela supposait que le salut n’était pas un don gratuit de Dieu, et qu’il fallait d’une manière ou d’une autre payer pour l’acquérir.

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Prédestination

Dans la théologie protestante, nous trouvons un terme qui a été repris d’Augustin: la prédestination. C’est surtout au Réformateur Promoteur de la Réforme religieuse du 16e siècle . Jean Calvin 1509-1564. Réformateur français né à Noyon. qu’on associe ce mot par lequel est désigné un des points essentiels de sa théologie. La doctrine de la prédestination affirme que c’est Dieu qui décide d’avance qui sera sauvé, et il ajoute : qui sera perdu ! Ce qui pour un esprit du 21e siècle est ressenti comme une injustice et une négation de la liberté de l’être humain, ne fonctionne pas de la même manière pour l’être humain du 16e siècle. Au contraire : l’idée que tout est joué d’avance fait tomber l’angoisse. Tout d’un coup, la question : « Qu’est-ce que je dois encore faire pour être sauvé ? » n’a plus de sens. La doctrine de la prédestination dit d’abord : tout est fait, on n’y revient plus. Elle s’oppose au système des mérites qui fait croire que l’être humain coopère à son salut, qu’il y est pour quelque chose. La prédestination dit encore autre chose. Elle est souvent liée à un autre terme qui ne se trouve d’ailleurs pas tel quel dans la Bible : la providence de Dieu.

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Providence

La providence de Dieu peut être comprise d’une manière négative : puisqu’il y a des choses dans la vie dont le sens nous échappe, on les met sur le compte d’un Dieu – qu’on pourrait nommer aussi « destin ». On peut entendre ce genre de raisonnement par rapport à un accident : « C’est le destin ! » C’est une manière de dire qu’on ne comprend pas pourquoi cela est arrivé, mais qu’on veut quand-même donner un sens à ce qui arrive. Dieu est alors celui qui fait advenir les choses, bonnes comme mauvaises, un peu à la manière d’un magicien tout-puissant qui joue avec l’être humain.
Mais la providence peut aussi être ressentie de manière tout à fait positive. Elle peut être comprise comme sollicitude de Dieu en toute chose. L’affirmation de base est alors que Dieu veut du bien à l’être humain. Et la réponse à la providence de Dieu est la confiance de l’être humain. La providence atteste que l’homme est toujours renvoyé à ses limites, à un non-savoir radical, à une énigme et donc à cette prise de conscience que l’ultime ne lui appartient pas mais qu’il est dans la main de Dieu.
Le croyant vit dans une attitude vis-à-vis de Dieu qui n’est pas celle d’une marionnette qui subirait passivement les décisions d’un Dieu, mais celle d’un enfant qui sait qu’en dernière instance, il ne peut pas vivre seul.

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