Bien des manières de vivre la différence - Textes bibliques
Paul compare l’Eglise, la communauté chrétienne, à un corps. La diversité qui règne dans le corps est juste et utile à l’ensemble. Il ne faudrait pas la supprimer en argumentant qu’un membre serait plus important ou moins important qu’un autre. Tous ont besoin les uns des autres. Si diversité il y a, Paul rend aussi attentif au fait que le risque de scission est toujours actuel. Ce n’est que lorsque tous les membres dans leurs diverses fonctions travaillent harmonieusement ensemble que le corps se porte bien. Par ailleurs il rappelle que nul membre ne peut revendiquer la place de la tête qui revient au Christ seul.
1Corinthiens 12,1-30
Au sujet des phénomènes spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance. Vous savez que, lorsque vous étiez païens, vous étiez entraînés, comme au hasard, vers les idoles muettes. C’est pourquoi je vous le déclare : personne, parlant sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu, ne dit : « Maudit soit Jésus », et nul ne peut dire : « Jésus est Seigneur », si ce n’est par l’Esprit Saint. Il y a diversité de dons de la grâce, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; diversité de modes d’action, mais c’est le même Dieu qui, en tous, met tout en œuvre. A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous. A l’un, par l’Esprit, est donné un message de sagesse, à l’autre, un message de connaissance, selon le même Esprit ; à l’un, dans le même Esprit, c’est la foi ; à un autre, dans l’unique Esprit, ce sont des dons de guérison ; à tel autre, d’opérer des miracles, à tel autre, de prophétiser, à tel autre, de discerner les esprits, à tel autre encore, de parler en langues ; enfin à tel autre, de les interpréter. Mais tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui le met en œuvre, accordant à chacun des dons personnels divers, comme il veut.
En effet, prenons une comparaison : le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres : mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps : il en est de même du Christ. Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. Le corps, en effet, ne se compose pas d’un seul membre, mais de plusieurs. Si le pied disait : « Comme je ne suis pas une main, je ne fais pas partie du corps », cesserait-il pour autant d’appartenir au corps ? Si l’oreille disait : « Comme je ne suis pas un œil, je ne fais pas partie du corps », cesserait-elle pour autant d’appartenir au corps ? Si le corps entier était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat ? Mais Dieu a disposé dans le corps chacun des membres, selon sa volonté. Si l’ensemble était un seul membre, où serait le corps ? Il y a donc plusieurs membres, mais un seul corps. œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi », ni la tête dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. » Bien plus, même les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, et ceux que nous tenons pour les moins honorables, c’est à eux que nous faisons le plus d’honneur. Moins ils sont décents, plus décemment nous les traitons : ceux qui sont décents n’ont pas besoin de ces égards. Mais Dieu a composé le corps en donnant plus d’honneur à ce qui en manque, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient un commun souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est glorifié, tous les membres partagent sa joie.
Or vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Et ceux que Dieu a disposés dans l’Eglise sont, premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des hommes chargés de l’enseignement ; vient ensuite le don des miracles, puis de guérison, d’assistance, de direction, et le don de parler en langues. Tous sont-ils apôtres ? Tous prophètes ? Tous enseignent-ils ? Tous font-ils des miracles ? Tous ont-ils le don de guérison ? Tous parlent-ils en langues ? Tous interprètent-ils ?
Nous avons parfois tendance à considérer l’histoire de l’Eglise comme un grand arbre dont le tronc se sépare au fur et à mesure en branches et petites branches. Or, si cette vision qui place l’harmonie et l’unité au départ est compréhensible, elle ne correspond pas à la réalité. Déjà dans les textes du Nouveau Testament, des différences théologiques voient le jour. La théologie de Paul ne correspond pas forcément à celle d’un Matthieu. L’ouverture aux païens de Pierre ne rejoint pas la position d’un Jacques. Ces différences existent et les premiers chrétiens ne vivaient pas une sorte d’harmonie sans heurt. Il leur apparaît alors nécessaire non pas d’uniformiser le tout, mais de choisir un modus vivendi qui permet à l’ensemble de coexister, de témoigner ensemble et d’avancer. On pourra lire par exemple
Actes 14,27 à 15,29
A leur arrivée, ils réunirent l’Église et racontaient tout ce que Dieu avait réalisé avec eux et surtout comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi. Et ils passèrent alors un certain temps avec les disciples. Certaines gens descendirent alors de Judée, qui voulaient endoctriner les frères: « Si vous ne vous faites pas circoncire selon la règle de Moïse, disaient-ils, vous ne pouvez pas être sauvés. »
Un conflit en résulta, et des discussions assez graves opposèrent Paul et Barnabas à ces gens. On décida que Paul, Barnabas et quelques autres monteraient à Jérusalem trouver les apôtres et les anciens à propos de ce différend. L’Église d’Antioche pourvut à leur voyage. Passant par la Phénicie et la Samarie, ils y racontaient la conversion des nations païennes et procuraient ainsi une grande joie à tous les frères. Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l’Église, les apôtres et les anciens, et ils les mirent au courant de tout ce que Dieu avait réalisé avec eux. Des fidèles issus du pharisaïsme intervinrent alors pour soutenir qu’il fallait circoncire les païens et leur prescrire d’observer la loi de Moïse. Les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette affaire. Comme la discussion était devenue vive, Pierre intervint pour déclarer: « Vous le savez, frères, c’est par un choix de Dieu que, dès les premiers jours et chez vous, les nations païennes ont entendu de ma bouche la parole de l’Évangile et sont devenues croyantes. Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, quand il leur a donné, comme à nous, l’Esprit Saint. Sans faire la moindre différence entre elles et nous, c’est par la foi qu’il a purifié leurs cœurs. Dès lors, pourquoi provoquer Dieu en imposant à la nuque des disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n’avons été capables de porter? Encore une fois, c’est par la grâce du Seigneur Jésus, nous le croyons, que nous avons été sauvés, exactement comme eux! » Il y eut alors un silence dans toute l’assemblée, puis l’on écouta Barnabas et Paul raconter tous les signes et les prodiges que Dieu, par leur intermédiaire, avait accomplis chez les païens. Quand ils eurent achevé, Jacques à son tour prit la parole: « Frères, écoutez-moi. Syméon vient de nous rappeler comment Dieu, dès le début, a pris soin de choisir parmi les nations païennes un peuple à son nom. Cet événement s’accorde d’ailleurs avec les paroles des prophètes puisqu’il est écrit: Après cela, je viendrai reconstruire la hutte écroulée de David. Les ruines qui en restent, je les reconstruirai, et je la remettrai debout. Dès lors le reste des hommes cherchera le Seigneur, avec toutes les nations qui portent mon nom. Voilà ce que dit le Seigneur, il réalise ainsi ses projets connus depuis toujours. Je suis donc d’avis de ne pas accumuler les obstacles devant ceux des païens qui se tournent vers Dieu. Écrivons-leur simplement de s’abstenir des souillures de l’idolâtrie, de l’immoralité, de la viande étouffée et du sang. Depuis des générations, en effet, Moïse dispose de prédicateurs dans chaque ville, puisqu’on le lit tous les sabbats dans les synagogues. » D’accord avec toute l’Église, les apôtres et les anciens décidèrent alors de choisir dans leurs rangs des délégués qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabas. Ce furent Judas, appelé Barsabbas, et Silas, des personnages en vue parmi les frères. Cette lettre leur fut confiée: « Les apôtres, les anciens et les frères saluent les frères d’origine païenne qui se trouvent à Antioche, en Syrie et en Cilicie. Nous avons appris que certains des nôtres étaient allés vous troubler et bouleverser vos esprits par leurs propos; ils n’en étaient pas chargés. Nous avons décidé unanimement de choisir des délégués que nous vous enverrions avec nos chers Barnabas et Paul, des hommes qui ont livré leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. Nous vous envoyons donc Judas et Silas pour vous communiquer de vive voix les mêmes directives. L’Esprit Saint et nous-mêmes, nous avons en effet décidé de ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables: vous abstenir des viandes de sacrifices païens, du sang, des animaux étouffés et de l’immoralité. Si vous évitez tout cela avec soin, vous aurez bien agi. Adieu! »
Le Nouveau Testament, écrit dans un premier temps en grec, a toujours été traduit dans les langues de ceux et celles qui ont souhaité connaître son contenu. Il n’y a pas de version particulière qui pourrait revendiquer être la seule langue dans laquelle l’Evangile doit retentir. Or, la traduction court toujours le risque de la trahison. En grec, dans le Nouveau Testament, le même mot sert pour dire » transmettre » (ce qui inclut la traduction) et » livrer » (ce qui correspond à une trahison). Toutefois, c’est aussi le message lui-même, celui de l’Incarnation, qui s’ouvre à la traduction pour rejoindre chacun là où il est. La traduction révèle des sens multiples qui peuvent parfois s’enrichir mutuellement, parfois donner lieu à des controverses.