Bien des manières de vivre la différence - Aller plus loin
Dans une conférence donnée au cours du rassemblement annuel des protestants au Musée du Désert, André Gounelle, théologien réformé, insiste sur la complémentarité entre catholiques et protestants.
» Le dialogue ne doit pas viser à faire disparaître l’une des attitudes au profit de l’autre. Il n’y a pas à choisir entre elles, mais à apprendre à les articuler, à les mettre en tension. Elles ont toutes deux leur légitimité, leur bien fondé. L’une insiste sur l’incarnation, l’autre sur la transcendance. Or, la dialectique de la proximité et de l’altérité de Dieu structure la foi biblique. Il ne faut pas voir dans l’opposition entre ces deux pôles un mal. Si elle disparaissait, on tomberait soit dans une religiosité superstitieuse et fanatique soit dans une spiritualité sans substance ni contenu. Plutôt que de chercher à supprimer la divergence entre la tendance sacramentelle et sacerdotale d’une part, l’attitude prophétique et iconoclaste d’autre part, qui tirent chacune dans un sens différent, il importe, au contraire, de l’entretenir, et de la développer de manière dynamique et créatrice. «
Le
» Pour nos relations entre Eglise catholique romaine, Eglises orthodoxes et Eglises nées de la Réforme du 16e siècle, la difficulté vient du fait que les différences qui ont existé entre nous, ont été jugées par nos pères comme étant des différences séparatrices d’où la division de nos familles confessionnelles. Les confessions de foi de mon Eglise luthérienne, sur la base desquelles j’ai été ordonné pasteur, comprennent un certain nombre de «
Un des premiers chantiers du mouvement œcuménique est de lever ces condamnations réciproques. En voici quelques exemples :
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Le décret de Vatican II sur l’œcuménisme Le décret de Vatican II sur l’œcuménisme a ainsi souligné tous les efforts nécessaires » pour éliminer les paroles, les jugements et les actes qui ne correspondent ni en justice ni en vérité à la situation de nos frères séparés et qui, à cause de cela, rendent plus difficiles les relations avec eux » (
Unitatis redintegratio , n° 4). Dès 1963, Paul VI avait déclaré : » Si, dans les causes de cette séparation, une faute pouvait nous être imputée, nous en demandons humblement pardon à Dieu et nous sollicitons aussi le pardon des frères qui se sentiraient offensés par nous. Et nous sommes prêts, en ce qui nous concerne, à pardonner les offenses dont l’Eglise catholique a été l’objet et à oublier les douleurs qu’elle a éprouvées dans la longue série des dissensions et des séparations » (Paul VI, « Discours d’ouverture de la 2e session du Concile », in DC, n° 1410, 1963, col. 1355). A ce titre, un des gestes les plus signifiants fut le baiser de réconciliation du pape Paul VI et du patriarche Athénagoras en Terre Sainte en 1964. Les deux hommes procédèrent à la levée mutuelle d’excommunications millénaires. -
Entre luthériens et réformés Le dialogue entre luthériens et réformés en Europe a permis la rédaction de la Concorde de Leuenberg en 1972. Des controverses au XVIème sur la doctrine de la cène, la christologie et la doctrine de la prédestination avaient divisé ces Églises. Les condamnations réciproques qui en résultaient sont levées par la Concorde de Leuenberg qui déclare la communion ecclésiale entre Eglises luthériennes et réformées.
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Entre luthériens et mennonites Le dialogue entre les luthériens (de l’Eglise de la Confession d’Augsbourg en Alsace et en Lorraine) et les Mennonites français a abouti à une demande de pardon : » Nous, membres luthériens du groupe, […] considérons la persécution des anabaptistes au XVIe siècle, et même au-delà, comme une faute qui nous sépare de ces frères, et pour laquelle nous sollicitons leur pardon « . » Nous, membres mennonites du groupe, héritiers du mouvement anabaptiste de tradition bibliciste et pacifique, sommes reconnaissants pour les affirmations précédentes, qui regrettent les persécutions du passé. Le pardon sollicité est fraternellement accordé. Puisse-t-il permettre que ce drame de l’histoire, et ses conséquences, soient définitivement surmontés » (in Birmelé, André, Terme, Jacques, Accords et dialogues œcuméniques, Paris, Les Bergers et les Mages, 1995, p. VII-13).
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Entre catholiques et luthériens Au terme d’une longue étude sur la doctrine de la justification, catholiques et luthériens au plan mondial ont pu eux aussi mettre un terme aux condamnations réciproques. Après avoir exprimé leur consensus sur la justification, ils déclarent ensemble : » l’enseignement des Eglises luthériennes présenté dans cette déclaration n’est plus concerné par les condamnations du Concile de Trente. Les condamnations des confessions de foi luthériennes (écrits symboliques) ne concernent plus l’enseignement de l’Eglise catholique romaine présenté dans cette déclaration » (
Déclaration commune sur la doctrine de la justification , n° 41)