Jean Sébastien Bach - Espace temps
Evénements de portée générale |
Jean-Sébastien Bach |
Evénements liés à Bach |
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1618- |
Guerre de Trente Ans |
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1682- |
Peste à Erfurt |
1646- |
Gottfried Wilhelm Leibniz |
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1675 |
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1685 |
Révocation de l’Edit de Nantes (1598) Arrivée des huguenots en Prusse Les Lumières en France |
1685 |
Naissance à Eisenach le 21 mars |
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1694 |
Mort de sa mère |
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1695 |
Mort de son père. Départ pour Ohrdruf, chez son frère aîné |
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1700 |
Départ pour Lunebourg et rencontre avec Georg Böhm |
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1703 |
» Musicien » à la cour de Weimar |
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1703- |
Organiste de l’Eglise Neuve d’Arnstadt |
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1707 |
Mariage avec sa cousine Maria Barbara Bach |
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1707- |
Organiste de l’église Saint-Blaise de Mühlhausen, les premières cantates |
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1708- |
Organiste de la cour de Weimar |
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1710 |
Naissance le 22 novembre de Wilhelm Friedemann Bach, fils aîné de J.S.Bach |
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Suite |
Evénements de portée générale |
Jean-Sébastien Bach |
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1712- |
Frédéric II le Grand, roi de Prusse de 1740 à 1786 |
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1713 |
Les Traités d’Utrecht mettent fin à la Guerre de Succession d’Espagne : l’Electeur de Brandebourg est reconnu comme roi de Prusse |
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1717- |
Maître de chapelle à la cour de Cöthen (calviniste !) |
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1720 |
Sa femme Maria Barbara meurt le 7 juillet |
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1721 |
Mariage le 3 décembre avec Anna Magdalena Wilcken |
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1723- |
Directeur musical de la ville de Leipzig et Cantor Chantre chargé du chant liturgique ou de la direction des musiciens, dans certaines grandes églises ou écoles allemandes . à Saint Thomas |
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1736 |
Nommé » Compositeur du Roi de Pologne, Prince Electeur de Saxe « |
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1741 |
Guerre entre Frédéric II et la reine Marie Thérèse d’Autriche |
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1742 |
Paix de Berlin entre Frédéric II et Marie Thérèse d’Autriche, la Prusse sort de la coalition antiautrichienne, la Saxe suit contre son gré |
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1745 |
Les Prussiens envahissent Leipzig et Dresde, et une semaine plus tard on établit la paix, la Saxe est libérée. |
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1747 |
Séjour à Potsdam chez Frédéric II |
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1750 |
Deux opérations de la cataracte échouent. Bach meurt le 28 juillet |
Contrairement à son évolution dans d’autres pays européens, le calvinisme
Réformateur français né à Noyon. Il a une formation d'humaniste, étudiant les lettres, la philosophie, le droit, l'hébreu, le grec, la théologie en divers lieux universitaires (Paris, Orléans, Bourges). n’a pu se développer que dans certains territoires et villes d’Allemagne. Toutefois, dans la deuxième partie du 16e siècle, le calvinisme s’étend vers l’Europe de l’Ouest, il pénètre dans le Palatinat qui devient, sous l’électeur Frédéric III, calviniste en 1560. L’université de Heidelberg en est le centre spirituel. En 1577/1578 s’ajoute Nassau-Dillenbourg, dont la Haute Ecole Herborn se mesure plus tard à l’université de Genève et aux universités néerlandaises. Différents comtés épars, surtout à l’ouest ou nord-ouest de l’Allemagne adoptent également le calvinisme. Plus regroupés sont les comtés calvinistes à la frontière néerlandaise, en Rhénanie et Westphalie. Autour de Emden, tout le territoire devient calviniste, ainsi qu’en Allemagne centrale, le territoire de Anhalt. En 1613, la dynastie brandebourgeoise des Hohenzollern adopte la foi réformée. Après la Guerre de Trente Ans (1618-1648), on trouve dans ce pays le pouvoir protestant le plus influent d’Allemagne. Mais quand Johann Sigismund de Brandebourg change de confession, il renonce au droit d’imposer sa nouvelle confession réformée à ses sujets. Ainsi, en Brandebourg-Prusse, le calvinisme reste limité à la classe dirigeante et aux fonctionnaires, tandis que la population reste luthérienne.
Comme les autres confessions chrétiennes, le calvinisme doit se soumettre à la Paix d’Augsbourg
Lors de la paix d'Augsbourg, en 1555, l'Allemagne est partagée entre luthériens et catholiques. Au nom du principe selon lequel les sujets doivent adopter la religion du prince (cuius regio, eius religio), les deux tiers du pays sont luthériens. (1555), il n’a donc pas développé de confessions de foi propres contrairement à ce qui a été le cas dans d’autres pays de l’ouest de l’Europe. Le calvinisme allemand a produit des Ordonnances ecclésiastiques, comme en Palatinat (1563), dans lesquelles se trouve le Catéchisme de Heidelberg.
Pour les Réformateurs, la Bible redevient le livre de référence, qui a autorité en matière de foi. Contrairement à ce que l’on dit parfois, ils n’ont pas » redécouvert » la Bible. Elle n’a jamais été oubliée. Au Moyen Age, les clercs l’étudient, les prêtres la commentent dans les prédications, en lisent des passages dans les offices ; tableaux et sculptures en représentent des épisodes ; on la raconte et on en met en scène certains passages dans des représentations théâtrales (les » mystères « ). Par contre, le texte est peu accessible : peu de gens savent lire, et les manuscrits sont rares et très coûteux. C’est donc l’Eglise qui la fait connaître et en même temps l’explique.
L’invention et le développement de l’imprimerie au 15e siècle permettent d’avoir accès à la Bible indépendamment d’une médiation ecclésiastique, et de confronter le message biblique à l’enseignement de l’Eglise : c’est ce que la Réforme préconise de faire. La Bible devient le bien commun de tous les chrétiens, elle n’est pas la propriété de l’institution ecclésiastique. Les croyants ne dépendent plus du prêtre pour leur connaissance de la Bible ; ils y ont accès directement.
Au 16e siècle, le développement du protestantisme rend le catholicisme méfiant envers la diffusion du texte biblique. A la suite du concile de Trente, on en restreint la lecture : elle est réservée à des gens instruits et soumise à l’autorisation du curé. Il ne s’agit pas, pour le catholicisme de cacher la Bible, mais d’en contrôler la lecture. Le catholicisme favorise une lecture communautaire et non individuelle, et une lecture religieuse (insérée dans un accompagnement spirituel ou une direction de conscience) et pas seulement intellectuelle. Il existe toutefois des exceptions où l’on souhaite une lecture plus indépendante par le fidèle.
La Bible tient une place importante dans la piété protestante : le culte personnel, familial, paroissial se centre sur la lecture et la méditation de la Bible. De même, pour l’essentiel, le catéchisme commente et explique des textes bibliques. Des musiciens protestants comme Bach composent ce que l’on peut appeler des commentaires musicaux.
La question de la musique est loin de faire l’unanimité au moment de la Réforme. Les Réformateurs ont chacun avec elle une relation particulière.
Luther lui donne la deuxième place après la théologie et compose lui-même librement de nouveaux cantiques sur des airs populaires. Lui-même et toute la tradition luthérienne vont ainsi susciter une importante publication de cantiques qui sont des commentaires du texte biblique ou expriment des points centraux de la doctrine. La musique a ici un rôle théologique qui est de traduire le » joyeux cri de l’Evangile » par le chant, ou aussi à travers la musique instrumentale.
Par contre, Calvin et la tradition calviniste cultivent une certaine méfiance vis-à-vis de la musique. En fait, il craint qu’elle ne soit la porte ouverte à toutes sortes de » musiques diaboliques « . Calvin et la tradition calviniste en viendront même à ordonner de démonter les orgues dans les temples. Calvin décide finalement que seuls les textes bibliques peuvent être l’objet du chant des fidèles. Aussi demandera-t-il que les 150 psaumes soient mis en musique. Peuvent être également chantés des cantiques se trouvant dans la Bible comme le cantique de Siméon, le Magnificat, etc.
Le Réformateur Martin Luther Réformateur allemand né et mort à Eisleben. Moine, prêtre, docteur en théologie, professeur d'exégèse biblique, il était habité par une intense quête spirituelle concernant le salut.* est lui-même musicien et dans sa famille, on joue de la musique. Mais son amour pour la musique a des racines plus profondes. Il est en lien direct avec sa théologie qui définit l’Evangile même, le centre de toute théologie, comme » le cri joyeux » que le chant exprime de manière fidèle. La foi vient de ce que l’on entend, dit-il en reprenant une expression de Paul. Cette idée prévaut aussi chez Bach. Il considère son travail de compositeur, de chef de choeur et de musicien comme celui du témoin qui annonce ce dont il vit. Sa musique est une forme de prédication.
Jusqu’au 17e siècle, les » Passions « , c’est-à-dire des productions musicales qui racontent l’histoire de la mort de Jésus, sont composées a cappella (c’est-à-dire chantées sans accompagnement instrumental). Au cours du 17e siècle, on ajoute petit à petit des chorales représentant le peuple et un accompagnement par un orchestre ou quelques instruments. On ajoute aussi du texte. Normalement, le texte de base pour les Passions est l’histoire biblique de la souffrance de Jésus jusqu’à sa crucifixion. Mais d’autres textes peuvent être utilisés. Ainsi, la Passion selon Matthieu de Bach utilise un texte du poète Picander qui a beaucoup écrit pour les cantates et oratorios de Bach.
La ville d’Eisenach est au cœur de la région de Thuringe qui depuis toujours est associée à la poésie, en particulier aux troubadours (Minne), et à la religion. Au sud de la ville se trouve la Wartburg, cette forteresse qui a abrité Luther quand celui-ci a dû chercher refuge. Il est fort probable que Jean Sébastien connaissait bien ce lieu qui a vu la première traduction de la Bible. Comme Luther 200 ans avant lui, Jean Sébastien participe au chant de la Schulkurrende. Cette tradition existait à Eisenach depuis le 15e siècle et consistait à chanter en groupe, allant de maison à maison pour recevoir une obole.
Avant Jean Sébastien, la ville d’Eisenach avait accueilli des musiciens connus. En 1677, Johann Pachelbel devient musicien à la cour avant de partir un an plus tard pour Erfurt. Johann Christoph, le frère aîné de Jean Sébastien y est devenu son élève et a transmis à Jean Sébastien ce que lui-même avait appris auprès du fameux compositeur.
Quand Louis XIV révoque l’Edit de Nantes en 1685, toute l’Europe réagit avec indignation. Aussitôt, la même année, Frédéric Guillaume, prince électeur de Brandebourg, publie l’Edit de Potsdam invitant tous les réfugiés protestants à venir dans son pays. Des milliers de français viennent alors s’installer en Prusse-Brandebourg. Leur savoir-faire dans l’artisanat et le commerce est d’un bénéfice inestimable pour le Brandebourg, en pleine expansion économique. A Berlin, autour de 1750, un habitant sur trois est français ! Dans la vie culturelle et scientifique de Prusse, les huguenots français jouent un rôle important. On vient même à recruter parmi eux des militaires et fonctionnaires.
En Allemagne, les contemporains de Bach apprécient surtout le génie et la virtuosité qu’il montre à l’orgue. Son oeuvre et son influence restent d’abord cantonnées autour de l’école Saint Thomas à Leipzig, et dans les régions où exercent ses élèves. C’est autour de l’an 1800 que la biographie très enthousiaste rédigée par N.Forkel a un certain retentissement dans la population. Mais ce n’est qu’en 1829, avec la représentation de la Passion selon Matthieu par Mendelssohn à Berlin, que l’attention générale se dirige vers le maître de chapelle de Leipzig. La Société Bach (Bachgesellschaft), fondée en 1850, édite toutes les oeuvres disponibles et rend donc possible une reconnaissance qui va très vite devenir internationale.