Pierre Bayle, protestant français du 17e siècle a expérimenté les persécutions organisées par le roi contre les protestants. Ses réflexions dans son Commentaire philosophique de 1686 concernent la notion de vérité :
» Il est impossible, dans l’état où nous nous trouvons, de connaître certainement que la vérité qui nous paraît (je parle des vérités particulières de la Religion, et non pas des propriétés des nombres ou des premiers principes de métaphysique, ou des démonstrations de géométrie) est la vérité absolue ; car tout ce que nous pouvons faire est d’être pleinement convaincus que nous tenons la vérité absolue, que nous ne nous trompons point, que ce sont les autres qui se trompent, toutes marques équivoques de vérité, puisqu’elles se trouvent dans les païens et dans les hérétiques les plus perdus. […] Un Papiste est aussi satisfait de sa religion, un Turc de la sienne, un Juif de la sienne, que nous de la nôtre. […] Les plus fausses religions ont leurs martyrs, leurs austérités incroyables, un esprit de faire des prosélytes qui surpasse bien souvent la charité des orthodoxes et un attachement extrême pour leurs cérémonies superstitieuses. […] Dans la condition où se trouve l’homme, Dieu se contente d’exiger qu’il cherche la vérité le plus soigneusement qu’il pourra et que, croyant l’avoir trouvée, il l’aime et y règle sa vie. […] Le principal est ensuite d’agir vertueusement ; et ainsi chacun doit employer toutes ses forces à honorer Dieu par une prompte obéissance à la morale. À cet égard, c’est-à-dire à l’égard de la connaissance de nos devoirs pour les moeurs, la lumière révélée est si claire que peu de gens s’y trompent, quand de bonne foi ils cherchent ce qui en est. »
Extrait de Pierre Bayle, Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ: « Contrains-les d’entrer », où l’on prouve par plusieurs raisons démonstratives qu’il n’y a rien de plus abominable que de faire des conversions par la contrainte, et où l’on réfute tous les sophismes des convertisseurs à contrainte et l’apologie que Saint Augustin a faite des persécutions, 1686.