La Bible, a-t-elle quelque chose à dire? - Clés de lecture
Pour trouver une réponse à une question importante, qu’elle soit d’ordre personnel, social, voire politique, le réflexe chrétien est d’aller interroger la Bible. Le croyant considère en effet que c’est à travers ces différents témoignages, collectionnés à travers les siècles que Dieu peut lui parler encore aujourd’hui. Ou pour le dire autrement : les textes bibliques fonctionnent comme référence pour le chrétien. Toutefois, cette référence peut se vivre de manière très diverse. Pour les uns, la Bible dicte le comportement jusque dans les moindres détails, pour les autres, elle indique simplement une grande ligne. L’autorité des textes bibliques n’est pas vécue de la même manière par tous les chrétiens. Cela montre que les rapports entre nos questions d’aujourd’hui et les indications que l’on peut trouver dans la Bible ne sont pas des rapports simples !
Les droits de l’homme, ont-ils un fondement biblique ? La Bible fournit-elle des arguments indiscutables pour défendre par exemple l’abolition de la peine de mort ? Ces questions sont vivement débattues, et les réponses ne sont pas unanimes. L’absence de clarté, l’absence d’évidence a plusieurs raisons. Tout d’abord, les textes bibliques que le chrétien consulte ne disent pas tous la même chose. Ils n’ont pas été écrits pas les mêmes personnes. Ils s’inscrivent dans des contextes historiques et religieux fort divers. En plus, ils n’ont pas été écrits d’abord pour répondre aux questions d’aujourd’hui. Ainsi, des contresens sont faciles à faire ! Des indications qui paraissent d’une violence extrême aujourd’hui représentent parfois dans leur contexte des avancées éthiques considérables.
Parfois les textes bibliques sont consultés pour s’abriter derrière eux, pour ne pas oser une parole qui engage et qui rencontre peut-être de la critique. On utilise alors les textes de la Bible comme un paravent en proclamant haut et fort » Mais la Bible dit que… « . Ce n’est pas ainsi qu’elle aura le plus d’impact, car rapidement l’interlocuteur va trouver un autre passage biblique à citer. Et la discussion fraternelle dérive vers une bataille de mots, de citations bibliques plus ou moins appropriées. Dans le travail d’investigation biblique, il ne s’agit pas de trouver dans la Bible une justification idéologique, une recette à appliquer partout, une caution pour ses idées personnelles. Il s’agit plutôt de confronter des convictions personnelles, des choix politiques et sociaux aux textes bibliques. Les textes seront alors une instance critique et non pas une source inépuisable de justification.
Si le texte biblique ne propose pas une réponse claire et nette à toutes les questions que l’on peut lui poser, on y trouve des pistes de réflexion qui ouvrent sur un » horizon de sens « . Le lecteur à la recherche d’une réponse à sa question trouvera donc non pas une réponse unique, valable depuis toujours et pour toujours, mais une variété de prises de position qui viennent questionner, enrichir et parfois déplacer la question initiale.
Ainsi, la manière dont les auteurs parlent de Dieu à l’intérieur de la Bible n’est pas univoque. Certains passages témoignent d’un Dieu en colère qui regrette jusqu’à la création même de l’être humain, d’autres passages insistent sur un Dieu qui ne cesse de montrer sa sollicitude et sa miséricorde envers l’être humain. Ainsi les images se corrigent et s’affinent. Les lois concernant les relations à entretenir avec les autres changent aussi selon le contexte historique. La vengeance dont il est question dans certains passages fait place à la loi du talion qui sera remplacée dans le Nouveau Testament par l’appel à aimer jusqu’à son ennemi.
Si on ne peut pas retenir un sens unique, une interprétation unique des textes bibliques, il y a bien quelque chose qui fait unité dans la diversité des livres et des prises de position. C’est ce que l’auteur appelle » l’esprit » de la Bible. Cela ne veut pas seulement dire que les croyants considèrent la Bible comme un livre inspiré
La notion d'" inspiration " fait référence à l'action du Esprit Saint auprès des auteurs des textes bibliques. L'auteur se comprend comme serviteur de paroles qui portent un message venant de Dieu, du Saint Esprit et non pas comme une simple marionnette à qui Dieu dicterait les textes., mais aussi qu’il y a quelque chose de spirituel qui se dégage de sa lecture, de sa méditation et aussi de son étude. Ce ne sont pas des lois particulières, ou des commandements précis, mais bien l’invitation à chercher Dieu, à chercher l’humain, à s’ouvrir » à un avenir et une espérance » (Livre de Jérémie, chapitre 29, verset 11).
Le Nouveau Testament témoigne tout particulièrement de la sollicitude de Dieu pour sa créature. Dans la personne de Jésus, le croyant discerne Dieu qui s’approche de l’être humain, qui » prend chair » comme l’exprime l’Evangile de Jean. C’est à travers ce Jésus que l’on perçoit le respect, la miséricorde et l’amour de Dieu pour chacun et chacune. Il se peut que pour chaque lecteur de la Bible, une attitude comparable envers ses semblables en résulte.