Pour apprendre à vivre ensemble - Textes bibliques
La racine de cet universalisme pluraliste réside dans l’affirmation centrale que chaque être humain est aimé de Dieu, qu’il reçoit donc de Lui son identité, indépendamment de ses qualités, de ses origines, de ses appartenances qu’elles soient ethniques, culturelles, religieuses, sociales.
Galates 3,28
Désormais il n’y a plus ni juif, ni grec, il n’y a plus ni esclave, ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ.
On voit bien qu’une telle affirmation introduit non seulement un nouveau rapport du sujet avec lui-même mais aussi avec les autres, établissant un type nouveau de société. En effet, le chrétien ne peut se comprendre comme personne aimée et reconnue de Dieu, indépendamment de ses qualités, et en même temps juger autrui et se comporter à son égard en fonction de ses propres qualités. Il peut donc désormais s’adresser à l’autre comme à une personne également aimée et reconnue par Dieu. Le christianisme devrait donc se caractériser par le refus de considérer les personnes à partir de leurs qualités et de leurs appartenances, et donc par le refus, au sein de l’Eglise comme de la société, de lignes de démarcation, de division en différentes catégories en fonction de leurs marqueurs d’identité.
Cela rejoint des préoccupations actuelles. En effet, l’éthique humaniste dont sont héritières les sociétés modernes est généralement une éthique des différences, c’est-à-dire une éthique de la reconnaissance de l’autre dans ses différences sociales, culturelles et religieuses. Le christianisme, au contraire, ne fonde pas le sujet sur une éthique de la différence, mais plutôt sur une mise en indifférence des différences. Il ne s’agit évidemment pas de rejeter les différences, ni de les mépriser. Il faut bien sûr les respecter, notamment quand elles caractérisent des minorités menacées. Mais on doit éviter qu’elles soient absolutisées, c’est-à-dire posées comme la marque ultime du sujet. Car alors s’érigent des barrières, donnant naissance à un processus de » communautarisation » de l’espace public. Si, au contraire, on considère que chaque être humain est reconnu comme personne, en dehors de ses qualités et de ses appartenances et qu’il peut de la même manière considérer et respecter les autres, alors on a les bases d’une société à la fois ouverte à l’universel et respectueuse des richesses particulières de chacun.