Vivre - Textes bibliques
Jésus raconte une histoire (qu’on appelle « parabole »), celle d’un père qui avait deux fils. Le plus jeune décide de quitter son père pour vivre comme bon lui semble, loin de son père. Il connaît la joie, l’abondance, puis la misère. Il choisit de retourner auprès de son père en reconnaissant devant lui ses erreurs. Le père accueille son fils et fête son retour.
Luc 15,17-23
Rentrant alors en lui-même, il se dit: Combien d’ouvriers de mon père ont du pain de reste, tandis que moi, ici, je meurs de faim! Je vais aller vers mon père et je lui dirai: Père, j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers. Il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié: il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: Père, j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils… Mais le père dit à ses serviteurs: Vite, apportez la plus belle robe, et habillez-le; mettez-lui un anneau au doigt, des sandales aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons.
Cette parabole apprend au lecteur que Dieu (représenté par le père) s’inquiète de la vie malheureuse de ses enfants, souffre lorsqu’il est rejeté. Ce Père laisse ses enfants libres de choisir leur vie (avec ou sans lui), responsables de leurs actes, mais il se réjouit toujours lorsqu’un enfant revient auprès de lui. L’amour que Dieu porte à ses enfants n’est donc pas dépendant de leurs actes : son amour leur est acquis.
Enfin, cette parabole apprend au lecteur que la vie est faite de plusieurs attitudes, de plusieurs chemins. Elle parle d’une vie non pas tracée à l’avance, mais faite de départ et de retour. Mais la vie que choisit de mener le plus jeune se transforme en mort : ses relations aux autres sont mortes, sa joie de vivre est morte, son lien avec son père est mort, son estime de soi est morte. La vie ressuscite lorsqu’il décide de retourner parler en vérité avec son père : pour le père, ce n’est pas une occasion de punition, mais de célébration de la vie retrouvée.
Les différents auteurs des livres de la Bible développent leur représentation de la vie. Ils racontent comment ils la conçoivent et comment ils pensent que Dieu la conçoit. La richesse de leurs propos est immense, mais tous reprennent quelques points fondamentaux : Dieu est le créateur de la vie, Dieu s’intéresse à la vie des hommes au point de vivre parmi eux, Dieu est un Dieu de la vie, celui qui la préserve, l’aime et la désire pour l’homme.
Dans l’Ancien Testament Dieu donne le principe vital à l’être humain. Dans le Nouveau Testament, on retrouve cette même conception de la vie avec une insistance sur la vie offerte, donnée par Dieu.
Dans l’Ancien Testament, c’est le mot hébreu hayyim qui est traduit par « vie ». Cette vie est donnée par Dieu seul, sous forme de souffle, de respiration, comme lors de la création de l’homme :
Genèse 2,7
Le SEIGNEUR Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant.
Ce principe vital donné à un être est souvent appelé en hébreu nèfesh qu’on traduit généralement par « âme », mais qu’il vaudrait mieux traduire par « vie », « être vivant ». Dans cette conception, la vie dépend directement de Dieu :
Psaume 104,29-30
Tu leur reprends le souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle, ils sont créés.
Dans le Nouveau Testament, on retrouve la même conception de la vie que dans l’Ancien Testament, avec une insistance sur la vie offerte, donnée par Dieu. C’est dans la relation avec Jésus, le Christ, qu’elle se donne à connaître. C’est en ce sens que Jésus peut dire : « Je suis la Vie ».
Jean 14,6
Jésus lui dit: « Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. »
Marc 2,23-28
Or Jésus, un jour de sabbat, passait à travers des champs de blé et ses disciples se mirent, chemin faisant, à arracher des épis. Les Pharisiens lui disaient: « Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat! Ce n’est pas permis. » Et il leur dit: « Vous n’avez donc jamais lu ce qu’a fait David lorsqu’il s’est trouvé dans le besoin et qu’il a eu faim, lui et ses compagnons, comment, au temps du grand prêtre Abiatar, il est entré dans la maison de Dieu, a mangé les pains de l’offrande que personne n’a le droit de manger, sauf les prêtres, et en a donné aussi à ceux qui étaient avec lui? » Et il leur disait: « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat, de sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat. »
Pour les juifs, le sabbat est le jour du repos ordonné par Dieu. Ce jour doit être respecté et donne lieu à bon nombres d’interdits. Notamment, celui de circuler et « d’arracher des épis ». Dans cette histoire, on trouve une atteinte à ce qui résume l’essentiel de l’obéissance juive à la Loi de Dieu : personne n’est en droit de s’affranchir de la Loi divine. La réponse de Jésus relève dans un premier temps de la logique : il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. C’est-à-dire que Dieu, dès le commencement, a voulu que le sabbat contribue au bien-être de l’homme et non à son asservissement. La loi est faite pour l’homme, elle est à son service. Jésus fait ici preuve d’une grande audace et surtout d’une grande autorité (ce qui va conduire ses adversaires à fomenter sa mort). Beaucoup de commentaires chrétiens estiment que dans cet épisode, Jésus libère les hommes d’une mauvaise compréhension de la loi. Le sabbat n’est plus un moyen de se construire une identité religieuse, devant les autres et devant Dieu. Les adversaires de Jésus sont dans cette logique : ils pensent que puisqu’ils respectent la loi, ils sont « bons » aux yeux des autres, mais aussi aux yeux de Dieu. Même si l’observance de la Loi est méticuleuse et sincère, ce n’est pas ça qui fait qu’on est aimé de Dieu. Ici, cette Loi est le signe par lequel Dieu affirme sa volonté de repos pour l’humanité, sa volonté de lui apporter la nourriture nécessaire à toute vie.: il faut manger pour vivre et non vivre pour manger.