Vieillir - Textes bibliques
L’Ancien Testament comporte une forte accentuation du rôle dévolu aux aînés dans la civilisation patriarcale d’Israël. On retient généralement l’image du vieillard comme celle du sage entouré de respect parce que porteur de la mémoire du peuple de Dieu.
Lévitique 19,32
Lève-toi devant des cheveux blancs, et sois plein de respect pour un vieillard.
Pourtant, dans l’histoire de Job, on raconte que des vieux amis viennent le réconforter. Mais c’est le jeune Elihou, le fils de l’un d’entre eux, qui réagit vivement aux propos de ses aînés. Il pensait que leur âge avancé leur ferait tenir des propos sages auprès de Job : selon lui, il n’en est rien. Dans ce passage, il semble que la sagesse n’est pas une qualité que l’âge confère automatiquement. C’est Elihou, le plus jeune, qui entend remettre Job dans » le droit chemin » : » tais-toi, je vais t’apprendre la sagesse » lui dit-il (33,33).
Job 32,1-9
Alors ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, puisqu’il s’estimait juste. Mais Élihou se mit en colère. Il était fils de Barakéel le Bouzite, du clan de Ram. Il se mit en colère contre Job parce que celui-ci se prétendait plus juste que Dieu. Il se mit en colère aussi contre ses trois amis parce qu’ils n’avaient plus trouvé de réponse et avaient ainsi reconnu Dieu coupable. Or Élihou s’était retenu de parler à Job parce que les autres étaient plus âgés que lui. Mais quand Élihou vit que ces trois hommes n’avaient plus de réponse à la bouche, il se mit en colère. Alors Élihou, fils de Barakéel le Bouzite, prit la parole et dit: Je suis un jeune, moi, et vous, des vieux. Aussi craignais-je et redoutais-je de vous exposer mon savoir. Je me disais: « L’âge parlera, le nombre des années enseignera la sagesse. » Mais en réalité, dans l’homme, c’est le souffle, l’inspiration du Puissant, qui rend intelligent. Être un ancien ne rend pas sage, et les vieillards ne discernent pas le droit.
Lorsqu’une personne âgée perd de son autonomie et qu’elle nécessite un accompagnement conséquent, c’est généralement vers la famille que l’on se tourne. Les enfants (parfois eux-mêmes d’un certain âge !) vont devoir gérer de plus en plus ce genre de situation pour leurs parents. On évoque alors souvent l’un des 10 commandements offerts par Dieu à son peuple : » Honore ton père et ta mère « . Cette Parole peut faire l’objet de différentes interprétations. Certaines d’entre elles en déduisent que c’est à l’enfant d’assumer la charge que représente leurs parents. L’enfant deviendrait en quelque sorte responsable de ses parents, comme s’il avait une dette envers eux (ils lui ont » donné » la vie). D’autres interprétations parlent d’un autre genre de responsabilité : non pas d’une responsabilité envers les ascendants mais envers les descendants.
Deutéronome 5,16
Honore ton père et ta mère, comme le SEIGNEUR ton Dieu te l’a ordonné, afin que tes jours se prolongent et que tu sois heureux sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu.
A l’époque de » l’enfant-roi » ou de » l’enfant-objet » de tous les désirs et de toutes les attentions, on pourrait avoir tendance à lire ce passage comme une apologie de l’enfance. Pourtant, à l’époque de l’évangile selon Matthieu, l’enfance n’est pas considérée comme une catégorie d’âge à part entière. L’enfant n’est qu’un adulte en devenir, un homme incomplet qui n’aura d’intérêt que lorsqu’il sera complet, c’est-à-dire éduqué et capable de jouer un rôle pour sa communauté d’appartenance.
Dans ce passage, l’enfant n’est donc pas présenté comme un modèle d’innocence, de pureté ou de perfection morale. Contrairement aux disciples qui s’interrogent pour savoir qui est le plus grand, l’enfant n’a pas de prétention de ce genre. L’enfant serait présenté ici comme celui qui est en situation de dépendance, c’est-à-dire comme celui qui a besoin de l’autre pour vivre : besoin de soins, de nourriture, mais aussi d’affection, de tendresse, d’écoute, de règles de vie, etc. Ce n’est donc pas l’enfant qui est célébré pour ce qu’il représenterait de supériorité morale par rapport à l’adulte, mais au contraire, pour ce qu’il représente d’état de faiblesse et de fragilité.
Matthieu 18,1-5
A cette heure-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent: « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux? » Appelant un enfant, il le plaça au milieu d’eux et dit: « En vérité, je vous le déclare, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Celui-là donc qui se fera petit comme cet enfant, voilà le plus grand dans le Royaume des cieux. Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m’accueille moi-même ».