Protester - Textes bibliques
Matthieu 21,12-17
Puis Jésus entra dans le temple et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs et les sièges des marchands de colombes. Et il leur dit: « Il est écrit: Ma maison sera appelée maison de prière; mais vous, vous en faites une caverne de bandits! » Des aveugles et des boiteux s’avancèrent vers lui dans le temple, et il les guérit. Voyant les choses étonnantes qu’il venait de faire et ces enfants qui criaient dans le temple: « Hosanna au Fils de David! », les grands prêtres et les scribes furent indignés et ils lui dirent: « Tu entends ce qu’ils disent? » Mais Jésus leur dit: « Oui; n’avez-vous jamais lu ce texte: Par la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu t’es préparé une louange? » Puis il les planta là et sortit de la ville pour se rendre à Béthanie, où il passa la nuit.
Cet épisode, appelé souvent « Les vendeurs chassés du Temple », se trouve dans les 4 évangiles (Matthieu 21,12-17 ; Marc 11,15-19 ; Luc 19,45-48 ; Jean 2,13-16). Ici, Jésus est décrit selon un caractère bien loin des idées reçues : il « chasse » des gens, « renverse » des tables et s’en prend publiquement aux « changeurs » et aux « marchands ». Les « changeurs » permettaient aux juifs venus de l’étranger de changer leur argent, soit pour acheter leur offrande (par exemple une colombe), soit pour payer l’impôt du Temple. Changeurs et vendeurs devaient se tenir dans les portiques du parvis des païens.
Les gestes de colère de Jésus peuvent être compris de plusieurs manières. Soit, comme un acte d’autorité abolissant les sacrifices qui avaient lieu au Temple, soit comme un geste symbolique de purification du Temple (purification attendue par les juifs depuis les profanations de païens qu’avait subies le Temple), soit encore comme une protestation contre l’abus du trafic des changeurs et des marchands.
Durant son ministère, Jésus a eu des paroles et des gestes exprimant la révolte. Ce n’était pas pour rejeter les personnes, mais pour rendre au Temple sa véritable fonction (une « maison de prière »). Jésus « proteste » publiquement contre la présence de marchands, et « affirme » devant tous qu’il entend parler non pas selon sa propre autorité, mais selon celle de Dieu, son Père. Cet épisode « protestataire » participe à l’animosité grandissante des autorités religieuses à son égard. Animosité qui se transformera vite en volonté de le tuer.
Luc 23,8-12
A la vue de Jésus, Hérode se réjouit fort, car depuis longtemps il désirait le voir, à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire quelque miracle. Il l’interrogeait avec force paroles, mais Jésus ne lui répondit rien. Les grands prêtres et les scribes étaient là qui l’accusaient avec violence. Hérode en compagnie de ses gardes le traita avec mépris et se moqua de lui; il le revêtit d’un vêtement éclatant et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent amis, eux qui auparavant étaient ennemis.
La plupart des théologiens s’accordent pour dire que le ministère de Jésus n’a duré que quelques années (environs trois). C’est alors qu’il s’est mis à prêcher, enseigner, parler publiquement. A partir du moment où il est arrêté, Jésus ne prendra que très peu la parole : il se tait. Ici, l’évangéliste Luc raconte son entrevue avec Hérode. Autant Hérode est décrit comme un personnage excité par cette rencontre (il « se réjouit fort », « il désirait le voir », « il l’interrogeait avec force »), autant Jésus est décrit dans un mutisme complet (il « ne lui répondit rien »). C’est alors que la violence se déchaîne à son encontre : on « se moque de lui », on le traite « avec mépris ». Le parallèle de ces deux attitudes est souvent relevé. Plusieurs interprétations sont proposées. Une d’entre elles souligne que Jésus n’entretient pas la violence qui s’abat sur lui : il ne l’a pas souhaitée ni même provoquée volontairement. Cette violence est alors perçue comme faisant partie intégrante de l’humanité : elle s’exprime à l’égard de Jésus, à l’image d’une humanité qui se rebelle contre Dieu, le rejette et décide de « s’en passer ».
Matthieu 28,16-20
Quant aux onze disciples, ils se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais quelques-uns eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles: « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »
En christianisme, la dimension du témoignage est particulièrement importante : chaque chrétien est appelé à témoigner de sa foi au Dieu de Jésus-Christ. Ces derniers versets de l’évangile selon Matthieu soulignent fortement cette importance du témoignage. Matthieu consacre ce dernier chapitre à témoigner de sa foi en la résurrection de Jésus. Ceux-là même qui étaient accablés par sa mort rencontrent Jésus ressuscité. L’événement de la résurrection fonde l’envoi en mission. En effet, par sa résurrection, Jésus les envoie : l’envoi comporte l’annonce de l’Evangile, mais aussi l’invitation à devenir disciple. Cet envoi est accompagné d’une réalité nouvelle : la présence divine, promise pour « tous les jours ».
Ainsi missionnés, les disciples de Jésus (littéralement des « élèves ») deviennent des apôtres (littéralement des « envoyés ») de Jésus, c’est-à-dire « envoyés » pour parler, témoigner de leur foi devant tous.