Prier - Espace temps

Variété de prières

La prière est une attitude habituelle et fréquente du croyant dans la Bible. Toutefois, il n’y a pas un seul mot pour recouvrir toutes les formes de la prière. Par exemple, on parle de :
· prière de louange, pour dire merci à Dieu : la reconnaissance en est le centre (Luc 1,47-55).
· prière dans laquelle le croyant reconnaît devant Dieu ses fautes et sollicite son pardon (Luc 18,13-14).
· prière pour confier à Dieu sa souffrance, parfois sur le mode de la plainte, voire de la révolte (Psaume 88).
· prière de demande, voire de supplication, pour obtenir quelque chose de Dieu (1Samuel 1,9-18).
Mais la prière n’est pas non plus une intimité close, un dialogue privé avec Dieu où les autres n’auraient pas de place. Prier, c’est au contraire se tenir devant Dieu en relation étroite avec les autres. La prière d’intercession est une prière « pour » : on confie à Dieu d’autres personnes que soi. On peut penser à ces textes de la Bible où il est dit que Jésus est « pris aux entrailles » (Marc 8,2) par la faim, la maladie ou la douleur des autres. Cette compassion révèle la capacité de se voir dans l’autre, de se projeter dans ce que l’autre vit, de ne pas rester étranger à ce qu’éprouve le prochain, mais au contraire de s’y reconnaître en considérant l’autre comme un autre soi-même.
Prier c’est donc accepter d’être « dérangé » par l’autre, au point de devenir dérangeant (Luc 11,5-13). Capable même « d’importuner Dieu » (Luc 18,1-8) jusqu’à ce qu’il réponde. La prière est le cri poussé vers Dieu pour que l’homme vive. En ce sens, des théologiens pensent que la prière est la forme concrète de l’espérance.

Revenir à la page précédente
Où ? Quand ? Comment prier ?

L’histoire du christianisme montre qu’au fil du temps, les chrétiens ont développé différentes « écoles » de prière. Variées, parfois opposées, certaines élaborent la pratique de la prière individuelle ou communautaire en stipulant horaires, lieux et textes. D’autres mettent principalement l’accent sur le comportement intérieur du croyant afin de favoriser le dialogue avec Dieu. Il ne s’agit pas de surévaluer ces différentes « écoles ». Elles courent toujours le risque de remplacer le dialogue vivant entre Dieu et le croyant par une technique « miraculeuse ». Néanmoins, le rythme de vie actuelle ne laisse guère de place au silence, au recueillement ou à l’écoute d’une parole autre, extérieure à soi-même. Il faut alors faire « acte » de prière pour prendre le temps de s’arrêter et de se mettre à l’écoute de Dieu. En ce sens, la prière s’inscrit dans une démarche volontaire.
La prière s’inscrit également dans la piété du croyant. La piété désigne la dévotion, l’attachement aux devoirs et pratiques religieuses, avec une nuance de ferveur dans le langage courant. On ne saurait concevoir la foi sans lien avec la piété. Il est difficile de présenter cette articulation aujourd’hui tant le mot « piété » a été dévalué. Malgré tout, la foi engendre chez les chrétiens une pratique commune : elle les pousse à se retrouver pour recevoir la Parole de Dieu et y répondre. Aujourd’hui dévaluée par l’individualisme ambiant et la méfiance que les Eglise historiques suscitent, la piété est soupçonnée de superstition et de ritualisme. Sans doute ces écueils existent-ils, mais la piété reste généralement conçue comme une forme d’expression de la foi, parfois même comme son langage. La prière en est souvent perçue comme le pilier principal.

Revenir à la page précédente
Les Réformateurs et la prière

Au 16e siècle, les Réformateurs ont privilégié la relation individuelle que chacun pouvait tisser avec Dieu. Selon eux, seule la foi, la relation entre Dieu et le croyant, importe véritablement. Dans cette relation, une place prépondérante revient à la prière. Pour eux, la prière n’est pas quelque chose à faire pour plaire à Dieu, mais un lieu de parole et de vie qui unit Dieu à l’homme.
C’est Dieu qui offre aux croyants la possibilité de prier. En ce sens, la première prière émane de Dieu lui-même qui supplie l’homme de se laisser réconcilier avec Lui (2 Corinthiens 5/20). La prière humaine devient une réponse à la prière de Dieu. Parce que Dieu donne son amour sans condition, la prière peut jaillir : le croyant peut écouter, louer, demander et crier vers Dieu sans craindre de perdre cet amour. Cette conviction des Réformateurs, aujourd’hui largement partagée par la plupart des Eglises chrétiennes, conduit à considérer la vie chrétienne comme étant une seule prière. Elle n’a pas à être limitée aux célébrations : tout acte de la vie croyante peut devenir prière.
Comprendre la prière comme une attitude de vie n’exclut pas pour autant la prière comme moment de recueillement particulier. Une place particulière revient même à la louange : Dieu l’ayant accepté comme son enfant, le croyant a déjà tout obtenu, sa vie est marquée par la gratuité de l’amour de Dieu et la prière correspondant à cette gratuité est la louange (la reconnaissance) envers Dieu.
Ainsi, la Réforme du 16e siècle a revalorisé la prière individuelle et communautaire. De nombreux livres de prière à usage individuel ou familial ont été édités. Cette prière n’est pas seulement parlée, elle peut être aussi chantée.

Revenir à la page précédente