Aimer - Espace temps
La Bible présente Dieu comme celui qui aime, celui qui est aimé, plus encore, comme celui qui est l’amour 1 Jean 4/8 Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour.
Dieu est en lui-même la plénitude et la vie qui n’est rien d’autre que la relation d’amour. Cet amour n’est pas refermé sur lui-même, mais créateur de vie. Tout amour entre humains en porte le reflet.
Le Nouveau Testament annonce la révélation définitive de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. Cet amour signifie pour les hommes la réconciliation avec Dieu et la paix. L’homme réconcilié répond à cet amour de Dieu en aimant Dieu et son prochain.
Cette vision est reprise par la tradition protestante, en particulier par Luther (initiateur de la Réforme, 16e siècle) qui refuse de limiter l’amour à une simple vertu humaine. Tout amour est un don et présence de Dieu que le croyant reçoit dans la foi. Les œuvres d’amour ne rendent pas le croyant plus juste devant Dieu, mais sont elles-mêmes grâce, fruit de l’action de Dieu. Ainsi, dans les évangiles, Jésus appelle le croyant à répondre joyeusement à l’amour de Dieu.
Matthieu 22,36-40
« Maître, quel est le grand commandement dans la Loi? » Jésus lui déclara: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. »
En lisant la Bible, on peut découvrir que les relations humaines (relation dans le couple, relation avec le prochain) s’inspirent de la relation entre Dieu et le croyant. Le respect que Dieu témoigne envers le croyant, sa manière de l’interpeller et de le soutenir inspirent les relations que l’être humain entretient avec son prochain, avec son conjoint, ses enfants, etc. Réciproquement, Dieu lui-même est souvent comparé à un époux en souci pour sa compagne. Les termes d’une relation de couple sont ainsi utilisés pour faire comprendre comment Dieu se comporte avec l’être humain : il fait alliance avec lui comme un couple fait alliance. Dans l’Ancien Testament, cette alliance est même parfois malmenée à cause de l’entêtement d’un partenaire ou d’une infidélité.
Mais Dieu ne cesse de faire alliance avec les hommes, de leur renouveler sa fidélité. Le message biblique redit que l’être humain ne peut vivre sans une parole de fidélité et de confiance. Dans un monde inquiet de l’avenir, où seul le présent immédiat semble compter, cette confiance en l’alliance permet d’envisager le temps non comme une succession d’instants décousus mais comme une durée ouverte sur l’avenir.
Dans une société où l’on est peu enclin à prendre un engagement, le message biblique souligne aussi qu’il n’est pas de « vivre ensemble », sans alliance. Elle rappelle que la fragilité, la limite, la finitude, font partie de l’humain et que l’être humain ne peut vivre que de la parole d’un Autre qui l’accepte et l’appelle tel qu’il est. C’est en ce sens que l’alliance est un signe d’amour que Dieu offre aux hommes.
La tradition chrétienne s’est souvent méfiée du plaisir. Très tôt un lien a été posé entre le péché et la sexualité. Du coup la seule finalité acceptable de la sexualité était la procréation. Or, en protestantisme, la sexualité appartient d’abord à la vie du couple : elle est relation, plaisir, échange. Elle a sens et valeur en elle-même. Le protestantisme ne réduit donc pas la sexualité à la reproduction de la vie. L’enfant n’est pas un devoir ou une mission. Le couple existe en tant que tel (couple conjugal) et pas uniquement dans le but de procréer (couple parental). L’enfant est un don « en plus », comme un cadeau, une conséquence et non la visée de la sexualité.
De plus, dans la Bible, le plaisir n’est pas dévalorisé. Il atteste même que l’être humain est appelé par Dieu à la vie, plus forte que la mort. Ainsi, on trouve dans l’Ancien Testament le livre du Cantique des cantiques, récit amoureux, voire érotique, qui célèbre l’amour d’un homme et d’une femme dans toutes ses dimensions. Dans le Nouveau Testament, le Royaume de Dieu est symbolisé par un repas abondant, généreux, où se manifeste la joie d’être ensemble. Ainsi, le plaisir avive et rend sensible l’être humain à la saveur de la vie.