Les terrains ensemencés - Aller plus loin
Daniel MARGUERAT, Parabole, Cahier évangile n° 75, p 9 : le mashal
En hébreu, la parole imagée est appelée d’un mot : mashal. Mais ce terme générique recouvre une foule d’acceptions. Le mashal peut être un proverbe (Ez 18,2), la sentence d’un sage (Pr 10,18), une devinette ou énigme (Jg 14,12-18). La parabole fait partie du mashal : « rabbi Jacob disait : ce monde est comparable au vestibule du monde futur, prépare-toi dans le vestibule, pour pouvoir entrer dans l’intérieur du palais » (Pirqé Abot 4,16). L’allégorie est aussi à classer sous ce terme (Es 5,1-7 ; Ez 17,3-24).
Jean DELORME, L’heureuse annonce selon Marc, lecture intégrale du 2ème évangile, Paris, Cerf, 2007, p 279-280
« Dans le mot « mystère » n’y a-t-il pas l’idée de voile et de secret ? Le mystère est une réalité qui se montre tout en se cachant dans une autre. Ce peut être une image, une métaphore, des paraboles. Et quand il s’agit du « mystère du règne de Dieu », il se « donne » dans des « choses » qui ne sont pas comprises immédiatement, mais qui justement sont effectives quand elles provoquent au questionnement qui amène à chercher en soi les conditions de la bonne réception. La bonne disposition n’est pas de multiplier les questions, mais de se mettre en question comme auditeur. Autrement dit à se questionner, sur son mode d’écoute comme l’enseignera la reprise de la parabole de la semence. »
Céline ROHMER, Quand parlent les images, Les paraboles dans l’évangile de Matthieu, Lyon éditions Olivétan, 2017, p 101.
« Dans la deuxième moitié du 20e siècle et sous l’influence de nombreuses études sur le langage, la recherche s’intéresse aux paraboles selon un modèle interprétatif de type sémantique. Deux nouvelles perspectives de recherche sont envisagées : l’une porte son attention sur la parabole comme métaphore et la seconde sur la parabole comme langage persuasif. Le lien entre parabole et métaphore est une perspective (…) qui envisage la parabole, non plus d’un point de vue rhétorique [qui argumente] mais d’un point de vue poétique [qui convainc]. (…) Les exégètes s’intéressent au récit métaphorique que la parabole véhicule, c’est-à-dire à la mise en tension qu’elle établit entre deux conceptions de la réalité et au changement que cette tension peut provoquer.
Dans le prolongement de ce type de travaux, des chercheurs observent le langage parabolique selon un axe pragmatique, c’est-à-dire comme un langage de changement. (…) Les paraboles de Jésus sont perçues comme caractéristiques d’un langage de changement. Elles visent à opérer un recadrage de la réalité : la parabole exprime la réalité quotidienne en crise et annonce en même temps le surgissement d’une nouvelle possibilité. La visée interpellatrice des paraboles est alors particulièrement mise en valeur. »