Marqué dans la chair - Contexte
Les chapitres 1 à 11 de la Genèse racontent le récit des origines, puis les chapitres 12 à 25 se concentrent sur l’histoire d’Abraham. Le cycle d’Abraham débute après le récit de l’échec du projet de Babel où les humains veulent se faire un nom par eux-mêmes. Il se poursuit avec la promesse faite par le Seigneur d’assurer à Abraham un nom, une descendance et un pays (Genèse 12).
Le début de l’histoire d’Abraham, fils de Tèrah est une histoire banale : un cheik nomade selle son chameau parce qu’il a envie de partir.
Dieu ne fait pas alliance avec un roi, un puissant, mais un nomade qui renonce à son pays, sa famille, sa maison et toutes les sécurités qu’elles représentent. Il part pour un pays dont il ne sait rien, si ce n’est que Dieu le lui montrera. Abraham devient ainsi le modèle de celui qui fait confiance, qui croit à ce qui est incroyable.
Il s’entend dire que sa descendance sera nombreuse, mais il est sans enfant, marié à une femme stérile. La réaction d’Abraham à cette annonce nuance sa confiance en Dieu : il rit (verset 17). Il fixe son attention sur Ismaël (verset 18), le fils qu’il a eu avec Hagar, la servante de Saraï.
A ce moment précis du récit, sa réaction est plutôt un signe d’incrédulité !
Tèrah, le père d’Abraham, quitte Our en Chaldée pour le pays de Canaan. Il s’installe à Harân, un lieu situé en Mésopotamie. Après la mort de son père, Abraham est appelé à quitter Harân avec sa femme Sara, Lot et les gens de sa maison.
Son errance le conduit en Egypte où il fait passer sa femme pour sa sœur. Puis, Abraham se sépare de Lot, qui s’établit à Sodome. Abraham s’installe dans la région de Mambré (actuellement la région d’Hébron).
Les lois de pureté sont rassemblées dans le livre du Lévitique. Y sont traités par exemple le problème du respect de l’union conjugale (Lévitique 18), des relations sexuelles interdites (Lévitiques 20,8-27). Par contre, on ne trouve pas de loi indiquant qu’une servante puisse donner naissance à un enfant en cas de stérilité de l’épouse. Dans le texte biblique, c’est pourtant Sara elle-même qui propose cette solution à Abraham comme une évidence. Elle reflète probablement le contexte culturel dans lequel l’auteur de ce passage se situe.
Le texte de la Genèse insiste sur la notion de promesse. Il reprend les éléments de la promesse à plusieurs reprises. Du coup, un espace d’attente mais aussi de doute s’installe chez le lecteur. Est-ce que Dieu va tenir sa promesse ?
Genèse 12,1-3 : promesse d’une descendance et d’un peuple
Genèse 12,7 : promesse d’un pays
Genèse 15,1-6 : promesse d’une descendance
Genèse 15,17-21 : promesse d’un pays
Genèse 17,5-8 : promesse d’une descendance et d’un pays
Genèse 18,10 et 14 : promesse d’un fils.
La promesse d’une descendance est faite aussi à Hagar en Genèse 16,10. C’est l’ange du Seigneur qui le lui annonce.
Dans le judaïsme, la circoncision n’est pas le seul rituel qui entoure la naissance d’un garçon. Peu de temps après la naissance, l’enfant (garçon ou fille) reçoit son prénom. Suivi d’une prière ou d’une bénédiction, ce rituel a lieu à la synagogue lorsque la mère peut à nouveau s’y rendre.
Dans la Bible, la vie ne commence pas avec la première respiration, mais au moment où la personne reçoit son nom. De même, la vie ne se termine pas quand on rend le dernier souffle, mais lorsque le nom d’une personne n’est plus prononcé.
Dans notre passage, les deux épisodes du changement de nom pour Abraham et pour Sara entourent la circoncision. Le changement de nom n’est pas institué comme un signe d’alliance, mais il marque bel et bien une nouvelle étape, un changement de perspective dans la vie.
Dans le choix du nom comme dans la circoncision, il y a un élément passif : le nom n’est pas choisi par l’intéressé, mais il est littéralement « appelé d’un nom ». Tout comme on ne demande pas l’avis du nourrisson pour être circoncis. Au huitième jour, il reçoit ce signe et en devient le porteur.
Le thème de la circoncision est largement présent dans les textes du Nouveau Testament. La grande discussion porte sur la question de savoir si oui ou non les hommes qui veulent suivre Jésus et intégrer les premières communautés doivent toutes être circoncis pour d’abord intégrer le peuple juif avant de faire partie de la communauté qui suit Jésus.
Certains membres de la communauté demandent à ce que les personnes d’origine non-juive qui rejoignent la communauté soient circoncis, d’autres en revanche insistent sur le fait qu’en Christ la circoncision n’a plus lieu d’être.
Dans le Nouveau Testament, le Christ rassemble les incirconcis (les non-juifs) et les circoncis (les juifs). En Christ, ils sont un et forment une communauté tous ensemble.