Marqué dans la chair - Aller plus loin
Thomas C. Römer, « Qui est Abraham ? Les différentes figures du patriarche dans la Bible hébraïque », in : Thomas Römer éd., Abraham. Nouvelle jeunesse d’un ancêtre, Genève : Labor et Fides, 1997, pp.13-33.
L’auteur présente le personnage d’Abraham qui joue un rôle important dans le judaïsme, le christianisme et l’islam.« Selon la Bible hébraïque, l’histoire d’Israël commence par le récit d’Abraham (Gn 12-25). Ce patriarche représente ainsi le premier « père » du peuple hébreu. Pour les chrétiens, à la suite de l’apôtre Paul, l’histoire d’Abraham est conçue comme celle de l’ouverture de la révélation divine à toutes les nations. De leur côté, les musulmans considèrent Abraham comme l’« Ami » de Dieu (en arabe : al-Khalil) et le premier des musulmans. »
Aux articles 145 et 146 de ce code législatif babylonien, il est prévu qu’une femme de rang inférieur assume le rôle de génitrice afin d’assurer une descendance en cas de stérilité de l’épouse de rang supérieur :« 145. Si un homme a pris (en mariage) une nadîtum (prêtresse de haut rang) et si elle ne lui a pas procuré d’enfants et s’il s’est proposé de prendre en mariage une sugetum (prêtresse de rang subalterne), cet homme pourra prendre une sugetum. Il pourra la faire entrer dans sa maison. Cette sugetum ne se tiendra pas sur un pied d’égalité avec la nadîtum.146. Si un homme a pris (en mariage) une nadîtum (prêtresse de haut rang) et si elle a livré une esclave à son mari et si celle-ci a mis au monde des enfants, si, dans la suite cette esclave a voulu se tenir sur un pied d’égalité avec sa maîtresse, il ne pourra pas la vendre. Elle lui réimposera la marque de la servilité et la comptera avec les esclaves ».Armand ABECASSIS, La pensée juive. 1. Du désert au désir, Paris : Librairie Générale Française (coll. Livre de poche), 1987, p. 39-40.
Attentif à l’unité entre l’alliance de l’Ancien et celle du Nouveau Testament, le réformateur Jean Calvin justifie le baptême des nourrissons en se référant notamment à une certaine compréhension de la circoncision, qu’il voit davantage spirituelle, déjà dans l’Ancien Testament. La circoncision comme le baptême sont signes d’une alliance. D’ailleurs, à ses adversaires qui lui répondent que si le baptême des chrétiens était comparable à la circoncision des juifs, on ne devrait pas baptiser les filles, Calvin répond qu’ils ne comprennent pas qu’il s’agit d’un signe, peu importe la mise en pratique ! Il écrit en conclusion du paragraphe 16 : « …nous avons toujours la similitude qui demeure entre le baptême et la circoncision, touchant le mystère intérieur, les promesses, l’usage et l’efficace. »
Jean CALVIN, Institution de la religion chrétienne, livre IV, chapitre 11, Genève : Labor et Fides, 1958 :
« Certes, si la circoncision a été un signe littéral, aussi bien est le baptême, vu que S.Paul au deuxième chapitre des Colossiens n’en fait pas l’un plus spirituel que l’autre, disant qu’en Christ nous sommes circoncis de la circoncision faite sans main [note : qui n’a pas été faite de main d’homme], quand nous avons dépouillé la masse de péché qui habite en notre chair, et qui est la circoncision de Christ (Col 2 :11) ; puis, pour expliquer cela, il dit que nous avons été ensevelis avec Christ au baptême.
Qu’est-ce que veut dire ce passage, sinon que l’accomplissement du baptême est l’accomplissement de la circoncision, d’autant que les deux figurent une même chose ?
Car il veut montrer que le baptême est aux chrétiens ce qu’avait été auparavant la circoncision aux Juifs. Or parce que nous avons évidemment ci-dessus exposé que les promesses de ces deux signes, et les mystères en eux représentés, ne diffèrent en rien, nous ne nous y arrêterons point à présent plus longuement. »
Hérodote décrit dans ce passage les coutumes des égyptiens. Il évoque la pratique de la circoncision déjà au 5e siècle avant J.-C., date de la rédaction de son ouvrage intitulé : Histoire. Il présente la pratique de la circoncision comme une mesure d’hygiène.
HERODOTE Histoire, Livre II. EUTERPE, trad. du grec par Larcher, avec des notes de Bochard, Wesseling, Scaliger [et al.], Paris : Charpentier, 1850 :
« XXXVII. Ils sont très religieux, et surpassent tous les hommes dans le culte qu’ils rendent aux dieux. Voici quelques-unes de leurs coutumes : ils boivent dans des coupes d’airain, qu’ils ont soin de nettoyer tous les jours ; c’est un usage universel, dont personne ne s’exempte. Ils portent des habits de lin nouvellement lavés ; attention qu’ils ont toujours. Ils se font circoncire par principe de propreté, parce qu’ils en font plus de cas que de la beauté. Les prêtres se rasent le corps entier tous les trois jours, afin qu’il ne s’engendre ni vermine, ni aucune autre ordure sur des hommes qui servent les dieux. Ils ne portent qu’une robe de lin et des souliers de byblus. Il ne leur est pas permis d’avoir d’autre habit ni d’autre chaussure. Ils se lavent deux fois par jour dans de l’eau froide, et autant de fois toutes les nuits ; en un mot, ils ont mille pratiques religieuses qu’ils observent régulièrement. Ils jouissent, en récompense, de grands avantages. Ils ne dépensent ni ne consomment rien de leurs biens propres. Chacun d’eux a sa portion des viandes sacrées, qu’on leur donne cuites ; et même on leur distribue chaque jour une grande quantité de chair de boeuf et d’oie. On leur donne aussi du vin de vigne ; mais il ne leur est pas permis de manger du poisson. Les Égyptiens ne sèment jamais de fèves dans leurs terres, et, s’il en vient, ils ne les mangent ni crues ni cuites. Les prêtres n’en peuvent pas même supporter la vue ; ils s’imaginent que ce légume est impur. Chaque dieu a plusieurs prêtres et un grand prêtre. Quand il en meurt un, il est remplacé par son fils. »
Jean-Claude Basset présente l’histoire d’Abraham (Ibrahim) et de son fils Ismaël (Isma’il) dans le Coran. Ismaël est présenté comme l’un des constructeurs de la Ka’aba.
Jean-Claude Basset, « Ibrahim à La Mecque, prophète de l’Islam », in : Thomas Römer éd., Abraham. Nouvelle jeunesse d’un ancêtre, Genève : Labor et Fides, 1997 p. 85 :« Par la suite, Dieu ordonne à Ibrahim de lui construire une maison où il sera adoré. Accompagné d’Hagar et d’Isma’il, Ibrahim reçoit de Dieu l’indication de l’emplacement de la Ka’ba à La Mecque. Laissée seule avec son fils, Hagar fait sept fois l’aller et retour du mont Safa au mont Marwa à la recherche d’eau avant que n’intervienne l’ange Gabriel et qu’Isma’il ne creuse avec son doigt la source de Zamzam que connaissent tous les pèlerins musulmans.Attirée par le point d’eau, la tribu arabe des Jurhum s’installe aux alentours. Après la mort de Hagar, Isma’il épouse une de leurs filles et apprend leur langue. Venu voir son fils à La Mecque, Ibrahim lui fait comprendre que ce n’est pas une bonne épouse, aussi Isma’il divorce-t-il et conclut-il un nouveau mariage qu’Ibrahim agrée lors d’une autre visite. C’est alors qu’Ibrahim et Isma’il construisent la Ka’ba et accomplissent le premier pèlerinage en suivant les instructions de Gabriel. »
Dans le Coran, à la Sourate 37 (versets 100 à 109) intitulée Ceux qui sont placés en rangs, il est question du fils lors du « sacrifice » d’Abraham. Ce fils n’est pas nommé. La tradition musulmane l’identifie à Ismaël.
Le Coran II, édition de D. Masson, Paris : Gallimard (coll. Folio classique N° 1234), 1967, p. 553 :
100. « Mon Seigneur !
Accorde-moi un fils qui soit juste ».
101. Nous lui avons alors annoncé une bonne nouvelle :
la naissance d’un garçon, doux de caractère.
102. Lorsqu’il fut en âge d’accompagner son père,
celui-ci dit :
« Ô mon fils !
Je me suis vu moi-même en songe,
et je t’immolais ; qu’en penses-tu ? »
Il dit :
« Ô mon père !
Fais ce qui t’est ordonné.
Tu me trouveras patient,
si Dieu le veut ! »
103. Après que tous deux se furent soumis,
et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre,
104. nous lui criâmes :
« Ô Abraham !
105. Tu as cru en cette vision et tu l’as réalisée ;
c’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien :
106. voilà l’épreuve concluante ».
107. Nous avons racheté son fils par un sacrifice solennel.
108. Nous avons perpétué son souvenir dans la postérité :
109. « Paix sur Abraham ! »
Le professeur honoraire d’Ancien Testament Jean-Georges Heintz (Faculté de théologie de Strasbourg et Ecole du Louvre) reprend dans son article « Nouvelles recherches sur l’Alliance dans le monde de la Bible » le thème de l’alliance et les liens qu’entretient ce concept avec le prophétisme (article publié dans l’Almanach Protestant d’Alsace-Lorraine, 2021, pp.72-77).
Vous pouvez télécharger cet article très instructif ici:
Une ville en Mésopotamie mais aussi le nom d’un des trois fils de Tèrah.
La prédication diffusée le 1er novembre 2017 sur France Culture traite du texte de Genèse 11,26-32. La famille de Tèrah quitte Our en Chaldée mais la mort d’Haran, un des trois fils de Tèrah, marque profondément l’avenir de la famille…
Pour écouter l’émission: https://www.franceculture.fr/emissions/service-protestant/le-jour-des-defunts-0
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