Caïn et Abel - Espace temps

La concurrence entre le sédentaire et le nomade

Caïn cultive le sol, il est sédentaire. Abel élève du bétail, il est nomade. Ces deux modes de vie peuvent être en concurrence. Le nomade est susceptible de traverser des terres qui appartiennent au sédentaire. Le partage de terre et la notion de propriété qui en découle, peuvent être source de violence.
On peut voir dans ce conflit une difficile cohabitation entre population nomade et population sédentaire ainsi qu’une transition délicate du nomadisme et à la sédentarisation. Les deux modes de vie ont probablement coexisté dans le Proche-Orient ancien.

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Rémus et Romulus

Dans la mythologie romaine, Rémus et Romulus sont deux frères jumeaux abandonnés à leur naissance et recueillis par une louve qui les allaite. La légende les considère comme les fondateurs de la ville de Rome. En rivalité, Rémus est tué par son frère Romulus.
Cette histoire est censée se dérouler avant la fondation de Rome (soit vers 750 avant J.-C.). Mais le récit écrit le plus ancien date du 3e siècle avant notre ère. Le caractère mythique de ce récit tombe sous le sens.
En revanche, pour le récit biblique de Caïn et Abel, cela semble moins évident pour le lecteur. Le statut du texte biblique est différent dans sa réception. Nous trouvons encore un mythe semblable dans l’Egypte antique avec le meurtre d’Osiris par son frère Seth.

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Comment la tradition comble les « blancs » du texte

La tradition juive comble les « blancs » du texte comme, par exemple, dans un document appelé le targum du pseudo-Jonathan. Le targum est une traduction araméenne du texte biblique qui date entre 587 et 538 avant J.C. C’est également un commentaire qui vise à éclairer le texte biblique, en particulier lorsque le texte ne donne pas de détail sur une situation.
Le targum du pseudo-Jonathan amplifie ainsi considérablement la narration par un dialogue entre Caïn et Abel. Du coup, le personnage d’Abel a plus de consistance et représente la voix de la sagesse. Le targum donne une description du geste de Caïn qui tue son frère Abel. Ainsi on essaie de rendre plus compréhensible le verset 8 du texte biblique.

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Une lecture du texte problématique

Le récit du meurtre d’Abel par son frère Caïn ne concerne finalement que quelques versets dans l’Ancien Testament. Il n’y a pas non plus d’autres références à cet épisode dans le reste de l’Ancien Testament. Mais ce récit se retrouve avec des variantes, des ajouts parfois conséquents dans la tradition juive puis chrétienne. Chaque tradition a sa propre interprétation du texte du chapitre 4 du livre de la Genèse.

La réception chrétienne du texte peut être problématique. Elle a tendance à faire d’Abel un modèle de foi et de sagesse et à « diaboliser » Caïn.
Caïn symbolise pour certains pères de l’Église, comme Cyprien de Carthage Evêque de Carthage entre 249 et 258. Il meurt pendant la persécution de Valérien. et Origène Origène est un Père de l'Eglise du 3e siècle dont l'œuvre théologique et exégétique est très importante. Il naît à Alexandrie vers 185., la jalousie, la méchanceté, la colère, la haine. Il est le premier à introduire le meurtre dans le monde. Des auteurs comme Tertullien Né à Carthage (Tunisie) vers 155, Tertullien est un païen converti et le premier des écrivains chrétiens de langue latine. Il est l’auteur d’une Apologétique et du Contre Marcion. (Contre les juifs, V,1) ou Jean Chrysostome Ce de l'Eglise est promu évêque de Constantinople contre son gré. Puis, son attitude sévère provoque sa destitution et sa proscription à la frontière arménienne. (Homélie contre les juifs 1,7 ; 8,2) écrivent des commentaires polémiques dans lesquels ils font un parallèle entre les « méchants » Caïn et les juifs, et les « gentils » Abel et les chrétiens. Caïn, le fils aîné qui tue son frère cadet Abel, préfigure les juifs qui ont mis à mort Jésus. Ces textes ont contribué à alimenter l’antisémitisme.

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La responsabilité envers autrui

La question que pose Caïn en réponse à la question de Dieu est centrale. Elle soulève le problème de notre relation à l’autre. Cette relation, c’est ce qui fait notre humanité pour le meilleur et pour le pire. Elle est fort complexe. Entre protéger et dominer, entre responsabilité et culpabilité, la ligne de crête est difficile à maintenir.
Les philosophes ont remis maintes fois cette question à l’ordre du jour.

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