Marthe et Marie - Textes bibliques
Le thème de l’itinérance et de l’accueil de Jésus est illustré par ses haltes et par l’accueil que lui font certains personnages comme Zachée, mais parfois aussi par le refus d’hospitalité. Jésus choisit de faire halte chez des personnages parfois décriés voire haïs : Zachée est le chef des collecteurs d’impôts et est considéré comme un « pécheur ». Le choix de Jésus de loger chez ce dernier est incompris de la part des autres habitants du lieu.
Luc 19,1-10 Entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville. Survint un homme appelé Zachée ; c’était un chef des collecteurs d’impôts et il était riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, et il ne pouvait y parvenir à cause de la foule, parce qu’il était de petite taille. Il courut en avant et monta sur un sycomore afin de voir Jésus qui allait passer par là. Quand Jésus arriva à cet endroit, levant les yeux, il lui dit : « Zachée, descends vite : il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison. » Vite Zachée descendit et l’accueillit tout joyeux. Voyant cela, tous murmuraient ; ils disaient : « C’est chez un pécheur qu’il est allé loger. » Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Eh bien ! Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » Alors Jésus dit à son propos : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Un village de Samaritains refuse d’accueillir les messagers de Jésus au prétexte que Jésus fait route vers Jérusalem. Il semble qu’apparaisse ici en filigrane une animosité entre les Samaritains à l’égard de la ville de Jérusalem ou de ce qu’elle représente (lieu du pouvoir des pharisiens mais aussi de la domination romaine). Le texte ne dit pas clairement si le refus est dirigé contre la personne même de Jésus ou bien contre la destination finale de son itinérance.
Luc 9,51-56 Or, comme arrivait le temps où il allait être enlevé du monde, Jésus prit résolument la route de Jérusalem. Il envoya des messagers devant lui. Ceux-ci s’étant mis en route entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on ne l’accueillit pas, parce qu’il faisait route vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu tombe du ciel et les consume ? » Mais lui, se retournant, les réprimanda. Et ils firent route vers un autre village.
Dans l’évangile selon Jean les deux personnages féminins ont les mêmes prénoms que dans l’évangile selon Luc. Cependant on ne peut pas dire que les personnages prénommés Marie et Marthe soient strictement les mêmes.
Dans le chapitre 11 de l’évangile selon Jean, il est question de la mort et de la résurrection de Lazare, présenté comme le frère de Marthe et Marie. Leur village d’origine est mentionné, il s’agit de Béthanie. Marie est présentée comme celle qui oint Jésus de parfum (11,2). L’auteur de l’évangile selon Jean fait ici déjà allusion au chapitre suivant 12,1-8 qui se situe juste avant le retour de Jésus à Jérusalem. Cet épisode de la résurrection de Lazare se trouve uniquement dans l’évangile selon Jean.
Marie, celle qui était en retrait, enduit les pieds de Jésus de parfum. C’est elle qui a une attention particulière à l’égard de Jésus. Remarquons que dans les deux évangiles selon Luc et selon Jean, Marie est aux pieds de Jésus. Marthe est, quant à elle, occupée à servir le repas à table (Jean 12,2).
Jean 12,1-8 Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie où se trouvait Lazare qu’il avait relevé d’entre les morts. On y offrit un dîner en son honneur : Marthe servait tandis que Lazare se trouvait parmi les convives. Marie prit alors une livre d’un parfum de nard pur de grand prix ; elle oignit les pieds de Jésus, les essuya avec ses cheveux et la maison fut remplie de ce parfum. Alors Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui-là même qui allait le livrer, dit : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? » Il parla ainsi, non qu’il eût souci des pauvres, mais parce qu’il était voleur et que, chargé de la bourse, il dérobait ce qu’on y déposait. Jésus dit alors : « Laisse-la ! Elle observe cet usage en vue de mon ensevelissement. Des pauvres, vous en avez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours. »
Dans l’évangile selon Jean, Marthe prend des initiatives. Elle est la première à venir à la rencontre de Jésus. Elle appelle ensuite sa sœur Marie pour lui dire que Jésus l’appelle elle aussi. Marie va au-devant de Jésus et utilise la même phrase que Marthe (Jean 11,21) pour lui expliquer la situation : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ! » (Jean 11,32). Marie semble calquer son discours sur celui de sa sœur. C’est également Marthe qui intervient en faisant remarquer l’odeur du mort lorsque Jésus ordonne de déplacer la pierre du tombeau (Jean 11,39-40). Jésus la reprend et réoriente son regard vers la vie.
Jean 11,1-44 Il y avait un homme malade ; c’était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe. Il s’agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d’une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux ; c’était son frère Lazare qui était malade. Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
Dès qu’il l’apprit, Jésus dit : « Cette maladie n’aboutira pas à la mort, elle servira à la gloire de Dieu : c’est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié. » Or Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare. Cependant, alors qu’il savait Lazare malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Après quoi seulement, il dit aux disciples : « Retournons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment encore les autorités juives cherchaient à te lapider ; et tu veux retourner là-bas ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures de jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne trébuche pas parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais si quelqu’un marche de nuit, il trébuche parce que la lumière n’est pas en lui. »
Après avoir prononcé ces paroles, il ajouta : « Notre ami Lazare s’est endormi, mais je vais aller le réveiller. » Les disciples lui dirent donc : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » En fait, Jésus avait voulu parler de la mort de Lazare, alors qu’ils se figuraient, eux, qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Jésus leur dit alors ouvertement : « Lazare est mort, et je suis heureux pour vous de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez. Mais allons à lui ! » Alors Thomas, celui que l’on appelle Didyme, dit aux autres disciples : « Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui. »
A son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau ; il y était depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie est distante de Jérusalem d’environ quinze stades, beaucoup d’habitants de la Judée étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie était assise dans la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » – « Je sais, répondit-elle, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » – « Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » Là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : « Le Maître est là et il t’appelle. » A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui. Jésus, en effet, n’était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Judéens étaient avec Marie dans la maison et ils cherchaient à la consoler. Ils la virent se lever soudain pour sortir, ils la suivirent : ils se figuraient qu’elle se rendait au tombeau pour s’y lamenter. Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Judéens qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla. Il dit : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. » Alors Jésus pleura ; et les Judéens disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été capable d’empêcher Lazare de mourir. » Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s’en fut au tombeau ; c’était une grotte dont une pierre recouvrait l’entrée. Jésus dit alors : « Enlevez cette pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il doit déjà sentir… Il y a en effet quatre jours… » Mais Jésus lui répondit : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé. Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors ! » Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus dit aux gens : « Déliez-le et laissez-le aller ! »
L’écoute est l’attitude requise du disciple.Jésus affirme que le vrai bonheur est d’écouter ou d’entendre : le verbe grec akouô est le même dans les deux versets (Luc 9,35 et 11,28), il signifie à la fois écouter et entendre. Le vrai bonheur est aussi de garder (observer) la parole de Dieu (Luc 11,28).
Luc 9, 35-36 Et il y eut une voix venant de la nuée ; elle disait : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez-le ! » Au moment où la voix retentit, il n’y eut plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et ils ne racontèrent à personne, en ce temps-là, rien de ce qu’ils avaient vu.
Luc 11,27-28 Or comme il disait cela, une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : « Heureuse celle qui t’a porté et allaité ! » Mais lui, il dit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent ! »
Le passage intitulé « la parabole du Samaritain » pose la question de savoir qui est le prochain qu’il faut aimer (« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même »). L’interlocuteur de Jésus insiste alors et demande « qui est mon prochain ? » Jésus lui répond par une parabole qui raconte qu’un blessé est tombé entre les mains de bandits. Plusieurs passent sans s’arrêter. C’est finalement un samaritain qui lui porte secours. La question de Jésus à la fin de l’histoire renverse les rôles. Ce n’est pas le blessé au bord de la route qui est le prochain, mais bien le samaritain qui s’est arrêté pour porter secours.
Luc 10,25-37 Et voici qu’un légiste se leva et lui dit, pour le mettre à l’épreuve : « Maître, que dois-je faire pour recevoir en partage la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Dans la Loi qu’est-il écrit ? Comment lis-tu ? » Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie. »
Mais lui, voulant montrer sa justice, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, il tomba sur des bandits qui, l’ayant dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Il se trouva qu’un prêtre descendait par ce chemin ; il vit l’homme et passa à bonne distance. Un lévite de même arriva en ce lieu ; il vit l’homme et passa à bonne distance. Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme : il le vit et fut pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, tirant deux pièces d’argent, il les donna à l’aubergiste et lui dit : “Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c’est moi qui te le rembourserai quand je repasserai.” Lequel des trois, à ton avis, s’est montré le prochain de l’homme qui était tombé sur les bandits ? » Le légiste répondit : « C’est celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Jésus lui dit : « Va et, toi aussi, fais de même. »