L’ivresse du pouvoir - Espace temps
Les livres bibliques qui font référence pour les juifs se répartissent en trois grandes parties dont l’autorité va en ordre décroissant. Il s’agit de : la Loi(les cinq premiers livres), les Prophètes (c’est-à-dire les livres historiques de Josué à 2 Rois auxquels s’ajoutent les prophètes) et les Autres écrits constitués de tout le reste, c’est-à-dire les Psaumes, les livres de sagesse, les livres des Chroniques, Esdras, Néhémie et les cinq rouleaux dont Esther fait partie. Les cinq rouleaux sont appelés ainsi car les manuscrits de ces petits textes sont le plus souvent écrits sur des rouleaux indépendants, pratiques à utiliser lors des cinq fêtes juives auxquels ils sont associés. Ruth est lu à Chavouot (Pentecôte), le Cantique des Cantiques à Pessah (Pâque), Qohélet à Soukkot (la fête des tentes), Lamentation à Tichah be Av (la commémoration de la destruction du Temple) et Esther à Pourim (la fête des sorts).
Le livre d’Esther est situé dans un cadre compatible avec ce que les habitants du monde méditerranéen antique savaient de la Perse au travers de ce que les historiens grecs tels Hérodote, Xénophon ou Ctésias ont écrit. La richesse de la Perse, la présence de conseillers et d’eunuques L’eunuque est un homme castré. Il est mentionné dans des fonctions importantes : il peut être auprès du roi (Genèse 37,36 ; 1Rois 22,9…), officier dans l’armée (2Rois 25,19), fonctionnaire à la cour (Esther 1,10 ; 4,4).* influents et comploteurs à sa cour, l’enregistrement des bienfaiteurs aux annales, l’existence d’une poste efficace apparaissent dans le livre d’Esther et sont corroborés par les écrivains grecs. D’autres aspects de l’œuvre ne sont guère compatibles avec l’histoire. Ainsi la femme de Xerxès est bien connue et se nomme Amestris. De plus, en dépit de la documentation relativement importante dont nous disposons pour la période de Xerxès, les événements mentionnés dans le livre d’Esther ne sont aucunement rapportés par la littérature extrabiblique. Finalement, le caractère fortement romanesque de la plupart des épisodes invite à douter de l’historicité des événements.
Cyrus II, dit Cyrus le Grand (559 à 529 av. JC.), fondateur de l’empire Perse, est connu pour être à l’origine des relais de Poste appelés angaréion. Hérodote dans son Histoire, livre VIII-98, Uranie, écrit : »Pendant ces préparatifs, Xerxès dépêcha un courrier en Perse pour y porter la nouvelle de son malheur actuel. Rien de si efficace parmi les mortels que ces courriers. Voici le système qu’on inventé les Perses. Autant il y a de journées d’un lieu à un autre, autant, dit-on, il y a de postes avec un homme et des chevaux tout prêts, que ni la neige, ni la pluie, ni la chaleur, ni la nuit, n’empêchent de fournir leur carrière avec toute la célérité possible. Le premier courrier remet ses ordres au second, le second au troisième: les ordres passent ainsi de suite de l’un à l’autre, de même que chez les Grecs le flambeau passe de main eu main dans les fêtes de Vulcain. Les Perses appellent ces relais de courriers montés l’angaréion ».L’historien grec, Xénophon cite également l’existence de ces relais dans sa Cyropédie, livre VIII, chapitre VI : »Nous connaissons encore une autre invention de Cyrus, appropriée à la grandeur de son empire, et grâce à laquelle il était promptement informé de ce qui se passait même dans les contrées les plus lointaines. S’étant rendu compte de la distance qu’un cheval monté peut parcourir en un jour sans être excédé, il fit construire des écuries écartées de ce même intervalle, y mit des chevaux et des gens chargés de les soigner, et plaça dans chaque relais un homme capable de recevoir et de transmettre les lettres qui arrivaient, de recueillir les hommes et les chevaux fatigués, et d’en envoyer d’autres tout frais. On dit que parfois même ces transports ne s’arrêtent point la nuit et qu’à un messager de jour succède un messager de nuit. On prétend qu’avec cette manière de voyager on va plus vite que les vols des oiseaux. Si cela est exagéré, il est du moins indéniable que de toutes les manières de voyager sur terre, celle-là est la plus rapide. Or il est bon d’apprendre les nouvelles le plus vite possible, pour prendre les mesures les plus rapides possible. »
Alexandre le Grand (356-323 avant Jésus-Christ), roi grec originaire de Macédoine, devient chef des Grecs et part à la conquête de l’empire perse. Il établit sa souveraineté de la Grèce à l’Inde et à l’Egypte où il fonde la ville d’Alexandrie. Après sa mort, ses généraux se répartissent son empire. La dynastie des Ptolémée (ou dynastie lagide) règne sur l’Egypte jusqu’à la domination romaine. Ils font d’Alexandrie une ville florissante et un des principaux foyers de la civilisation grecque hellénistique en Orient. Pour peupler cette ville nouvelle, ils encouragent l’immigration.De nombreux Juifs en profitent et une colonie importante, avec ses lieux de culte, se constitue. Selon l’écrivain et penseur juif Philon (né vers 15 avant Jésus-Christ, mort vers 50 après Jésus-Christ), il y avait à Alexandrie 5 quartiers dont deux étaient appelés « quartiers juifs » car les Juifs y étaient nombreux, mais des Juifs habitaient aussi dans les autres quartiers. Ils bénéficient, en tant que communauté ethnique de certains droits civiques, comme les membres d’autres peuples. Ils appartiennent à toutes les couches sociales et ils exercent des métiers très divers.
Le palais de Darius a été mis à jour par les archéologues. Xerxès l’avait repris de son père. Sur la partie haute de la ville, déjà occupée précédemment, Darius construit une grande esplanade entourée d’une enceinte. Des murs de soutènement lui permettent d’élargir la surface disponible et créent une terrasse d’une quinzaine de mètres de haut et de 14 hectares de surface. Au nord du palais se trouve la salle d’audience, surélevée : une grande salle carrée dont le toit repose sur 6 rangées de 6 colonnes d’une vingtaine de mètres de haut. Elle est entourée de portiques à colonnes sur 3 côtés. Le palais est organisé autour de 3 cours entourées de bâtiments. La salle des banquets est probablement au nord de la troisième cour et l’on peut y accéder soit par le palais soit directement depuis la salle d’audience. Des briques émaillées en couleur décorent les murs extérieurs du palais et de la salle d’audience (voir image ci-dessus). La porte principale du palais est à l’est. Elle constitue un bâtiment de 40 mètres sur 28. A l’intérieur se trouve une grande pièce principale qui forme un carré de 21 mètres de côté avec deux pièces latérales plus petites. La hauteur de la pièce principale est probablement d’une douzaine de mètres.
Les réalisations monumentales magnifiant la grandeur et le pouvoir de leur constructeur sont courantes dans toute l’Antiquité. A Rome, les arcs de triomphe en sont encore des signes. Pour d’autres périodes, on peut penser aux cathédrales, par exemple à celle de Saint-Pierre de Rome, construite plus grande que l’église de Cluny alors la plus grande d’Occident, au palais de Versailles ou à certaines réalisations architecturales parisiennes des présidents français.
La sagesse antique, notamment grecque, insiste sur le sens de la mesure. La démesure est source d’aveuglement et elle conduit à des actes insensés qui mènent leurs auteurs à la ruine. Dans son Histoire, Hérodote raconte avec désapprobation la démesure des rois perses, par exemple lorsque Xerxès fait fouetter la mer car elle a englouti une partie de sa flotte. Il a construit un pont de bateaux pour franchir l’Hellespont, détroit entre la Mer Egée et la Mer Noire, mais la tempête le détruit. »A cette nouvelle, Xerxès indigné ordonna d’infliger à l’Hellespont trois cents coups de fouet et de jeter dans ses eaux une paire d’entraves. J’ai entendu dire aussi qu’il avait envoyé d’autres gens encore pour marquer l’Hellespont au fer rouge. En tout cas, il enjoignit à ses gens de dire, en frappant de verges l’Hellespont, ces mots pleins de l’orgueil insensé d’un Barbare : « Onde amère, notre maître te châtie, parce que tu l’as offensé quand il ne t’a jamais fait de tort. Le roi Xerxès te franchira, que tu le veuilles ou non; et c’est justice que personne ne t’offre de sacrifices, car tu n’es qu’un courant d’eau trouble et saumâtre ». Ainsi fit-il châtier la mer, – et couper la tête aux ingénieurs qui avaient dirigé les travaux » (Histoire, livre VII, 35)
Même quand Xerxès part en guerre contre les Grecs, il prend avec lui de quoi faire des repas somptueux. Après l’avoir vaincu, le général grec Pausanias trouve son bagage pour ses repas, laissé par Xerxès à Mardonios, chef de l’infanterie perse. « Quand Pausanias vit le cadre dans lequel vivait Mardonios, l’or, l’argent, les tentures brodées, il donna l’ordre aux boulangers et aux cuisiniers du Perse de lui servir un repas comme à leur maître ; les serviteurs firent ce qui leur était prescrit et Pausanias, dit-on, lorsqu’il vit des lits d’or et d’argent bien tendus, des tables d’or et d’argent, un repas somptueusement servi, surpris par tant de magnificence, voulut pour se divertir que ses propres serviteurs lui préparassent un repas à la mode des Lacédémoniens. » (Hérodote, Histoire livre IX, 82).
L’idée de prendre des décisions en état d’ébriété nous étonne aujourd’hui. Quel gouvernement commencerait par boire abondamment avant de prendre des décisions importantes ? Le vin est cependant bien accepté dans la culture traditionnelle française ou suisse. Même si sa consommation moyenne baisse, le vin reste une boisson courante et c’est en famille que la plupart des personnes, même parfois encore enfants, s’initient à sa dégustation. La première « cuite » est parfois un rite de passage qui marque l’entrée dans l’âge adulte. Les chansons à boire sont nombreuses et appartiennent au folklore.Les ravages dus à l’alcoolisme et surtout les conséquences de l’alcool au volant ont provoqué une évolution des mentalités et des pratiques. La lutte contre les drogues illicites et la recherche sur la désintoxication contribuent aussi à une réflexion plus générale sur les dépendances et leurs effets.L’ivresse reste cependant courante, y compris chez les jeunes. Sa recherche rapide se développe avec des pratiques comme le boteillon où il s’agit d’être saoul le plus vite possible et en bande.Dans les milieux d’artistes, la consommation de vin ou d’opium a parfois été considérée comme propice à l’inspiration.