Protester

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Alice aux pays des merveilles

– Que les jurés délibèrent pour rendre leur verdict, ordonna le Roi pour la vingtième fois de la journée. – Non, non ! dit la Reine. La sentence d’abord, la délibération ensuite. – C’est stupide ! protesta Alice d’une voix forte. En voilà une idée ! – Taisez-vous ! ordonna la Reine, pourpre de fureur. – Je ne me tairai pas ! répliqua Alice. – Qu’on lui coupe la tête ! hurla la Reine de toutes ses forces. Personne ne bougea. – Qui fait attention à vous ? demande Alice (qui avait maintenant retrouvé sa taille normale). Vous n’êtes qu’un jeu de cartes ! A ces mots, toutes les cartes montèrent dans l’air et lui retombèrent dessus. Elle poussa un petit cri de colère et de frayeur, essaya de les repousser avec ses mains, et se retrouva couchée sur le talus, la tête sur les genoux de sa sœur qui enlevait doucement de son visage quelques feuilles mortes tombées des arbres. – Alice, ma chérie, réveille-toi ! lui dit sa sœur. Comme tu as dormi longtemps ! – Oh, quel rêve bizarre je viens de faire ! s’exclama Alice.

Lewis Carroll

  • Alice au pays des merveilles appartient à la littérature dite « enfantine ». Quels sentiments vous inspire cette étrange histoire ? De l’amusement, de l’inquiétude, de la perplexité ?
  • Comment percevez-vous le comportement d’Alice dans ce rêve ? Comment imaginez-vous cette petite fille ?

Alice aux pays des merveilles

– Que les jurés délibèrent pour rendre leur verdict, ordonna le Roi pour la vingtième fois de la journée.
– Non, non ! dit la Reine. La sentence d’abord, la délibération ensuite.
– C’est stupide ! protesta Alice d’une voix forte. En voilà une idée !
– Taisez-vous ! ordonna la Reine, pourpre de fureur.
Je ne me tairai pas ! répliqua Alice.
Qu’on lui coupe la tête ! hurla la Reine de toutes ses forces.
Personne ne bougea.
Qui fait attention à vous ? demande Alice (qui avait maintenant retrouvé sa taille normale). Vous n’êtes qu’un jeu de cartes !
A ces mots, toutes les cartes montèrent dans l’air et lui retombèrent dessus. Elle poussa un petit cri de colère et de frayeur, essaya de les repousser avec ses mains, et se retrouva couchée sur le talus, la tête sur les genoux de sa sœur qui enlevait doucement de son visage quelques feuilles mortes tombées des arbres.
– Alice, ma chérie, réveille-toi ! lui dit sa sœur. Comme tu as dormi longtemps !
– Oh, quel rêve bizarre je viens de faire ! s’exclama Alice.

Lewis Carroll

Soyez acteur de votre lecture

  • Avant qu’Alice ne se réveille, quels sont les indices qui laissent à penser au lecteur qu’il s’agit d’un rêve ?
  • Alice est censée se trouver « au pays des merveilles ». Pourtant, la situation dans laquelle elle se trouve n’est guère enviable. Comment comprendre alors ce « pays des merveilles » ?
  • A quoi s’oppose exactement Alice lors de ce procès ? Diriez-vous qu’il s’agit ici d’un caprice de petite fille ?
  • Repérez les attitudes, les expressions que l’auteur attribue à la Reine. Comment l’imaginez-vous ? Selon vous, et puisqu’il s’agit d’un rêve, que représente ce personnage ?
  • Alice se réveille finalement après un long rêve au pays des merveilles. Il ne s’agit ni d’un conte ni d’une fable, mais d’un rêve. Selon vous, cette dimension onirique du récit change-t-il son propos ? Quels liens entre « ce pays des merveilles » et « le monde réel » ?
"Protester" signifie à l'origine "attester, affirmer". C'est en sens positif que les "protestants" ont assimilés leur nom. Selon vous, quels enjeux cela suppose-t-il pour cette famille chrétienne ? Y voyez-vous une simple trace historique ou plutôt une attitude à préserver ? En quoi cette appellation les distingue-t-elle des autres familles chrétiennes ?
Selon vous, existe-t-il des limites à la protestation ? Au contraire, pensez-vous qu'il existe des "devoirs" de protestation ?
Victor Hugo a écrit : "Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l'action." Que vous inspire une telle déclaration ? Pensez-vous que la seule parole puisse être une force de protestation ? Si oui, à quoi pensez-vous ?
Selon vous, actuellement, le mot "protestataire" est-il connoté plutôt négativement ou positivement ? Pourquoi ? Et vous, à quoi (ou à qui) vous fait-il penser ?
Au 16ème siècle, les quelques chrétiens qui ont "protesté" pour se rallier publiquement à la Réforme de Luther ont bouleversé les enjeux politiques de leur pays et au-delà, de l'Europe. Pensez-vous que des convictions religieuses puissent encore aujourd'hui interpeller le domaine public ? Y voyez-vous plutôt un danger pour le domaine politique ou, au contraire, une chance ?

Un peu de culture...

La diète de Spire



Une diète est une assemblée politique. Deux ont eu lieu à Spire en Allemagne et ont fait date. La première (1526) contraint l’empereur allemand de laisser chaque prince librement choisir la religion sur son territoire. Quand, lors de la seconde (1529), l’empereur veut revenir sur cette concession et interdire toute propagation de la Réforme, 19 princes protestent, le 19 avril, en affirmant que les questions de foi ne peuvent se décider par un vote. Cette protestation, orchestrée par des laïcs, vaut aux adeptes de la Réforme le nom de « protestants ». A partir de cette décision, la division confessionnelle se superpose à la division politique.
Sur la toile de George Cattermole (peintre anglais, 1800-1868), les princes viennent « protester » publiquement devant l’empereur de ses dernières décisions.



Un protestataire : Martin Luther King



Martin Luther King (1929-1968) est un pasteur baptiste américain qui se fait connaître en 1955 lorsqu’il provoque le boycottage des autobus municipaux pour s’opposer à toute forme de ségrégation raciale (ce mouvement se crée à la suite de l’initiative d’une femme noire qui avait refusé de céder sa place à un homme blanc dans un autobus). Recommandant l’action non-violente, il organise en 1963 une marche sur Washington pour obtenir une loi sur les droits civiques. C’est là qu’il prononce un discours resté célèbre : I have a dream (« Je fais un rêve »). En 1964, il s’élève contre la guerre au Viêtnam et reçoit la même année le prix Nobel de la paix. Le 4 avril 1968, à Memphis, il meurt assassiné.

« Je vous dis aujourd’hui, mes amis, que malgré les difficultés et les frustrations du moment, j’ai quand même fait un rêve. C’est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain. J’ai fait un rêve, qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra la vraie signification de sa croyance : « Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux. » J’ai fait un rêve, qu’un jour, sur les collines de terre rouge de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
J’ai fait un rêve, qu’un jour même l’état de Mississippi, un désert étouffant d’injustice et d’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.
J’ai fait un rêve, que mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère. J’ai fait un rêve aujourd’hui.
J’ai fait un rêve, qu’un jour l’état de l’Alabama, dont le gouverneur actuel parle d’interposition et de nullification, sera transformé en un endroit où des petits enfants noirs pourront prendre la main des petits enfants blancs et marcher ensemble comme frères et sœurs.
J’ai fait un rêve aujourd’hui.
J’ai fait un rêve, qu’un jour, chaque vallée sera levée, chaque colline et montagne sera nivelée, les endroits rugueux seront lissés et les endroits tortueux seront faits droits, et la gloire du Seigneur sera révélée, et tous les hommes la verront ensemble. »